Professeur documentaliste : un métier !
Les professeurs-documentalistes sont des professeurs au même titre que leurs collègues certifiés ou agrégés et doivent, à ce titre, intervenir dans la formation des élèves à travers divers dispositifs pédagogiques : éducation aux médias et à l’information, formation aux TICE, EMC, orientation, accès à la lecture, sorties culturelles, AP, dispositifs interdisciplinaires (EPI, TPE, etc). Or, si les autres professeurs de discipline bénéficient statutairement d’une heure de préparation pour une heure de cours, rien n’était spécifié pour les professeurs documentalistes, jusqu’à la publication du décret de 2014 relatif aux obligations de service des enseignants, qui offre enfin aux professeurs-documentalistes la reconnaissance de leur rôle pédagogique d’enseignant.
Que dit le décret ?
« […] les professeurs de la discipline de documentation et les professeurs exerçant dans cette discipline sont tenus d’assurer :
– un service d’information et documentation, d’un maximum de trente heures hebdomadaires. Ce service peut comprendre, avec accord de l’intéressé, des heures d’enseignement. Chaque heure d’enseignement est décomptée pour la valeur de deux heures pour l’application du maximum de service prévu à l’alinéa précédent ;
– six heures consacrées aux relations avec l’extérieur qu’implique l’exercice de cette discipline. »
Cela signifie qu’à partir de la rentrée 2015, toute heure de cours réalisée par un professeur-documentaliste doit être décomptée pour deux heures de son temps de service de 30 heures. Sont définies comme des heures d’enseignement toute séance devant les élèves préparée en amont, avec des consignes précises en info-doc : AP, EPI, TPE, IRD, etc. Le nombre d’élèves n’entre pas en ligne de compte (il peut s’agir de demi-groupes) et la séance peut être menée en co-intervention.
Le compte n’y est pas !
Malheureusement, dans les faits, les professeurs-documentalistes se heurtent au quotidien à des interprétations abusives et restrictives de ce texte, tant de la part des chefs d’établissements que des IPR EVS, qui refusent l’application du bon décompte des heures d’enseignement assurées, le plus souvent avec l’aval des rectorats.
Les professeurs-documentalistes ne pouvant toucher ni HSA ni HSE (encore une inégalité de traitement par rapport aux autres certifiés), ce décompte est pourtant la seule façon pour eux d’être dédommagés de leurs heures de préparation de cours.
Comment agir maintenant ?
Soyons clairs : il est vrai que ce décret est aujourd’hui difficile à faire appliquer stricto sensu, car il entraîne de facto une fermeture du CDI sur de longues plages horaires. Cet argument est d’ailleurs souvent mis en avant par les chefs d’établissement qui refusent le décompte des heures de séance. Certes, il est possible de faire ouvrir ponctuellement le CDI par un AED, mais ce n’est pas forcément souhaitable à long terme. Cependant, céder à cet argument et renoncer à faire appliquer nos droits n’est pas la bonne solution. Le vrai problème ne réside pas en effet dans le fait que les professeurs-documentalistes puissent décompter deux heures de leur service pour une heure de cours donnée. Cela n’est que justice et nous remet à égalité avec les autres professeurs certifiés. Non, le vrai problème est le manque actuel de postes de professeurs-documentalistes. En effet, si chaque établissement comptait au moins deux postes, chaque collègue pourrait tranquillement rattraper ses heures de cours sans que cela ne porte préjudice à l’ouverture du CDI par un professeur-documentaliste qualifié. Nous sommes certes bien loin actuellement de cette situation idéale, mais cela n’est pas de notre responsabilité et ça ne peut en aucun cas constituer un argument pour ne pas faire respecter nos droits. La loi existe, elle doit être appliquée, quel que soit le contexte actuel de pénuries de postes. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et remédier à cet état de fait en créant des postes.
Marie-Laure Dufond, Secrétaire générale de l’Académie, a d’ailleurs assuré, lors du CTA de février 2016, que le décret devait être appliqué, ce qui a été répété par Monsieur Laurent, DRH, en CAPA.
Nous vous conseillons de vous rapprocher, quand c’est possible, d’un syndiqué SNES FSU de votre établissement, qui pourra relayer votre demande au CA et vous soutenir face à la direction. Si le chef d’établissement refuse le décompte des heures, il faut demander que ce refus soit mis par écrit et transmettre l’information à la section académique du SNES FSU. L’ensemble de vos témoignages permettra d’illustrer nos interventions auprès du Ministère, qui reste persuadé que tout va bien ! C’est notre opiniâtreté à défendre notre métier qui permettra de mettre fin aux interprétations abusives et restrictives du décret !
Quelles perspectives ?
Le Ministère a annoncé le 5 juillet 2016 la refonte de la circulaire de missions des professeurs documentalistes : il faut que ce chantier soit l’occasion d’une réelle reconnaissance de notre rôle pédagogique. Rappelons que la dernière tentative de réactualisation (2010-2011) s’était soldée par un échec après plusieurs mois de travail. Il nous faut donc rester vigilants et fermes sur nos revendications pour notre métier. Le prochain rendez-vous ministériel est fixé au 28 septembre : ce sera l’occasion de connaître plus précisément ce projet mais surtout de faire entendre notre voix, nos revendications et notre vision du métier. Nous vous invitons à contribuer à ce chantier en nous faisant part de vos remarques à l’adresse documentalistes@snes.edu, avec copie à s3str@snes.edu.
Ce groupe de travail ne doit cependant pas éclipser les autres revendications que nous portons pour la profession : revalorisation de notre indemnité de sujétions spécifiques à hauteur de la part fixe de l’ISOE, création d’une agrégation en Information-Documentation et d’une inspection spécifique, création de postes.