Le protocole publié le 26 août a été très allégé par rapport à celui du mois de juin alors que la circulation sanitaire se dégrade. Son application est surtout très variable selon les établissements.
Ainsi, sur la vingtaine de collèges et lycées qui ont déjà fait remonter les enquêtes de rentrée, les situations vont d’une application très restrictive à une application très légère.
Règles de distanciation physique
Devenue facultative, la distanciation physique n’est plus appliquée dans les établissements, avant tout parce que les locaux ne permettent pas de la mettre en place tout en accueillant tous les élèves. Il ne semble pas non plus que des dispositions particulières aient été prises pour organiser les salles de classe afin de maintenir la plus grande distance possible entre les élèves. De ce point de vue, comme le dit le ministre, c’est une rentrée « normale ».
L’application des gestes barrières
- Le lavage des mains fait l’objet d’une attention très différente selon les établissements. Trois d’entre eux font état du manque de gel hydroalcoolique alors que très peu de salles disposent de points d’eau. Le coût pour les établissements n’y est pas étranger, les dotations par les collectivités (par ex. 500 euros dans un collège du Bas-Rhin) étant très insuffisantes.
Deux collèges organisent une distribution de gel hydroalcoolique aux élèves par les AED à l’entrée de l’établissement le matin et en début d’après-midi. Dans un collège, le lavage des mains est recommandé mais aucun contrôle ne permet de vérifier qu’il soit effectif. A contrario, deux collèges prévoient une désinfection des mains à chaque entrée / sortie de cours.
- Le port du masque est devenu obligatoire dans les espaces clos et extérieurs (sauf cas particuliers : cantine, EPS). Pour les personnels, ce masque est fourni par l’employeur. Les collègues en ont reçu, selon les établissements, entre deux et neuf. Il s’agit de masques en tissu, remis sans notice d’utilisation, souvent trop grands. Aucun masque chirurgical de type 2 pour les personnels vulnérables ne semble par contre disponible alors que cet équipement est recommandé par le conseil à la santé publique. Pour les élèves, les masques doivent être fournis par les familles (sauf dans 1 lycée où les élèves ont reçu 2 masques). Pour les élèves sans masque, les établissements disposent d’un fonds de réserve mais dans un collège ils ne sont pas acceptés.
Le port du masque en tissu est très contraignant pour les enseignants et génère un surplus de fatigue. Beaucoup de collègues font donc le choix d’apporter leur propre masque en papier.
La ventilation des classes et autres locaux
Peu de remontées des collègues sur cet aspect du protocole. Trois établissements signalent néanmoins une aération insuffisante. Dans la plupart des salles de classe, les fenêtres ne s’ouvrent qu’en position oscillo-battante.
La limitation du brassage des élèves
L’organisation généralement retenue par les établissements est le dispositif une salle par enseignant (11 sur 16 collèges). Dans un collège, la règle est celle d’une salle par classe et ce sont donc les enseignants qui se déplacent. Dans 4 autres collèges et un lycée, c’est un dispositif mixte : une salle est généralement attribuée à une classe sauf dans le cas d’enseignements spécialisés : éducation musicale et arts plastiques dans un collège, disciplines artistiques mais aussi langues vivantes et sciences dans un autre, sciences, arts plastique, éducation musicale et sciences dans un 3e (sous réserve de désinfection des tables par les collègues entre deux rotations), langues vivantes seulement dans un lycée. Dans un collège, le choix a été fait d’un étage par niveau.
Le sens de circulation unique n’est maintenu que dans trois collèges et une cité scolaire (avec séparation des entrées collège et lycée), de même que la séparation des élèves pendant les récréations. Dans un établissement, la cour est quadrillée et les élèves répartis par niveau. Dans un autre, le fonctionnement est plus strict avec des récréations décalées et pas de mélange entre les classes.
Dans les lycées, l’application de la réforme rend impossible la limitation du brassage puisque les spécialités regroupent des élèves venant de 4, 5, 6 classes et même plus.
Le nettoyage et la désinfection des locaux et matériels
Peu de retours des collègues à ce sujet, sans doute en lien avec l’assouplissement du protocole. Dans un collège au moins, rien de particulier n’est prévu. Dans cinq autres, les collègues signalent des lingettes mises à disposition des personnels ou dans les salles ou du spray virucide pour nettoyer les tables entre deux rotations d’élèves. Dans un collège, des restrictions sont mises au prêt de matériel avec par exemple la mise sous huitaine des livres consultés. Dans un lycée, il est demandé aux collègues de désinfecter le matériel partagé tandis que le nettoyage plus approfondi des tables et sanitaires est assuré par les personnels TOS. A noter que 4 collègues signalent un travail plus lourd pour tous les agents d’entretien et une fatigue accrue, surtout que les équipes sont souvent incomplètes.
Ces inégalités dans la mise en œuvre du protocole ne sont pas sans conséquences sur les collègues. Là où l’application est trop légère (par exemple lorsque rien de particulier n’est prévu pour la désinfection des locaux et du matériel), elle génère de l’inquiétude. Au contraire, une application trop restrictive dégrade considérablement les conditions de travail des collègues et des élèves et pèse en particulier sur les agents chargés de l’entretien des locaux ou les AED qui doivent surveiller les déplacements d’élèves et les récréations.
Ces inégalités rappellent l’importance d’un cadrage national qui prenne en compte la santé des personnels et des usagers de l’école mais aussi la nécessité de pouvoir travailler avec des élèves dans un cadre propice aux apprentissages. Quant au masque, puisqu’il est au cœur du dispositif de protection des collègues et des élèves, il doit être fourni à tous gratuitement.
N’hésitez pas à nous faire remonter toutes les situations problématiques (protocole insuffisant, pression sur les personnels…). Vous pouvez également alerter les représentants des personnels dans les CHSCT et vous saisir des fiches SST (https://strasbourg.snes.edu/Comment-et-pourquoi-remplir-une-fiche-au-registre-sante-et-securite-au-travail.html)