An 1 de la réforme du collège
Comme le SNES-FSU l’avait pressenti, cette réforme s’est surtout traduite par une surcharge de travail (mise en place des nouveaux programmes sur 4 niveaux d’un seul coup, augmentation du nombre de réunions avec les divers conseils dont les conseils de cycle 3 et école – collège difficiles à organiser et peu utiles aux yeux des collègues, dispositifs d’évaluation, AP, EPI, parcours, mise en place chaotique du LSU…).
Les dispositifs annoncés comme étant plus efficaces pédagogiquement sont peu probants : les EPI ont fait disparaître un certain nombre d’autres projets, l’interdisciplinarité a été souvent théorique faute de temps de concertation, l’AP n’est pas toujours organisé en demi-groupes, ou assuré par le professeur de la classe… Ces dispositifs diminuent les horaires disciplinaires, obligeant les collègues à choisir entre ne pas terminer le programme ou avancer plus vite.
Certes, le nouveau ministre de l’Education, M. Blanquer, propose un assouplissement de la réforme, avec notamment l’utilisation des 3 heures de marge selon les choix des équipes. Outre que cette annonce a été tardive, alors que les structures étaient déjà fixées, cette part d’autonomie laissée aux établissements est à double tranchant, et peut accroître la concurrence entre les disciplines.
Le Diplôme National du Brevet a connu son lot d’incertitudes, frisant parfois le ridicule : plus de 2/3 des points renvoyés au local, un oral se réduisant souvent à la présentation du rapport de stage, flou autour des disciplines scientifiques qui ont fait l’objet des épreuves écrites, quasi absence d’annales 0 pour la préparation des élèves, une question hors programme en maths…
Le positionnement sur les compétences (dont beaucoup sont discutables) a entraîné des inégalités de traitement pour les élèves en fonction de la politique de l’établissement (prise en compte de l’appréciation la plus élevée, contrôle des appréciations par le chef d’établissement…).
Les examens
Pour le SNES FSU, les examens doivent rester dans un cadre national exigeant qui garantisse leur valeur et l’écrit doit demeurer anonyme. Actuellement, des éléments constitutifs du brevet et du baccalauréat dépendent des établissements. Des consignes de « bienveillance » sont données aux correcteurs et les rappels à l’ordre sont fréquents pour les professeurs dont les notes sont inférieures à la moyenne des corrections.
L’impréparation de la rentrée de septembre
D’abord un mot sur la fin de l’année et la fameuse « reconquête du mois de juin » (et même maintenant de début juillet) : cette affirmation n’a aucun sens dans la mesure où, pour des raisons de calendrier de plus en plus contraint - remontée des bilans de socle, orientation par Afflenet…- bien des élèves de 3e reçoivent le signal de la fin de l’année à la fin mai…
La rentrée s’annonce difficile à cause d’ une sous-estimation systématique des besoins depuis février : les effectifs prévisionnels des classes annonçaient des classes très chargées et donc des dépassements inévitables des seuils théoriques. La gestion se fait à flux tendus, au nom d’une optimisation des moyens, sans toujours tenir compte des vœux des élèves et des familles. La pratique risquée du surbooking se généralise : on préinscrit plus d’élèves qu’il n’y a de places en prétextant que de toutes façons certains ne viendront pas (départ vers le privé, déménagement, autre orientation…). Le redoublement fait son grand retour dans le paysage pédagogique et sert de variable d’ajustement.
Cela fait la quatrième année que les affectations des élèves sont problématiques : après le premier tour, ce ne sont pas loin de 2000 élèves qui n’ont pas été affectés. Certes, la plupart des cas se résolvent petit à petit. Il n’empêche que nous avons constaté des dysfonctionnements inadmissibles : élèves bilingues qui n’ont pas pu s’inscrire en Abibac, proposition de redoublement en attendant une place en 2de ou dans une première technologique, listes d’attente pour une 2de GT, classes et élèves « nomades » qui circulent d’un établissement à l’autre au gré des fermetures et ouvertures de divisions, selon une carte scolaire officieuse, insuffisance des places en 2de professionnelle, proposition d’aller vers l’apprentissage plutôt que vers le lycée pro, et même suggestion de s’inscrire dans une section professionnelle du privé... Les élèves dont les cas seront les plus délicats n’auront d’autre choix que de redoubler, ou de rejoindre une section qu’ils n’auront pas choisie, ce qui risque d’accroître le décrochage.
Un sentiment d’épuisement, de découragement, voire de dépossession du métier (qui sont réputés comme étant des sources de burn out) a gagné un très grand nombre de collègues. S’y ajoute le ressenti du « travail empêché » avec les ordres et les contrordres incessants, le raccourcissement des délais, les valses hésitations permanentes, qui gagne les professeurs, les responsables LSU, les chefs d’établissement, bref des équipes entières… Dans d’autres cas, c’est l’autoritarisme qui gagne du terrain.
Notre Académie est académie pilote dans l’étude des Risques Psycho Sociaux ; le bien être des personnels est mentionné dans le nouveau projet d’académie. Le SNES FSU, avec ses représentants dans les Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, veillera à ce que cela ne reste pas au stade de « paroles verbales ».
C’est lors des réunions de prérentrée que nous découvrirons le nombre d’élèves réels par classe, les postes non occupés… C’est pourquoi le SNES FSU académique a déposé un préavis de grève couvrant la période du 4 au 10 septembre.