Au second tour de l’élection présidentielle, le danger incarné par Le Pen et le Front National a été (provisoirement) écarté. Mais tous, y compris dans le camp victorieux, doivent se garder de tout triomphalisme et prendre en considération deux données de cette élection : le score élevé du Front National, qui a tout de même engrangé plus de 10 millions de voix (soit un gain de 3 millions par rapport au 1er tour et le double des voix de 2002) et la part importante des votes blancs ou nuls qui, ajoutés à l’abstention, représentent un tiers des électeurs1 : cela en dit long sur l’essoufflement de notre démocratie et devra être pris en compte dans les choix du futur gouvernement.
Le bulletin Macron, outil pour faire barrage au Front National, n’est majoritairement pas un vote d’adhésion. Nous sommes sans illusion sur la volonté d’Emmanuel Macron de mener une politique qui prenne en compte le désarroi et la colère qu’ont exprimés nos concitoyens. La situation sociale catastrophique dans laquelle les ont plongés les politiques économiques libérales menées depuis trop d’années en sont la cause profonde. Ils doivent maintenant s’attendre à une dérégulation encore plus grande du marché du travail, à de nouvelles saignées dans les services publics, à un accès réduit aux indemnisations chômage, à de nouvelles dégradations pour leurs retraites. Aucune de ces mesures ne rendra la société plus juste et plus solidaire. Bien au contraire, le culte de la réussite individuelle, qui permet de rendre en définitive chacun responsable de son sort, justifiera une société toujours plus inégalitaire et fera le terreau des cataclysmes électoraux et sociaux de demain.
Face à cette perspective, notre responsabilité de citoyen et d’enseignant ne s’arrête pas au bulletin de vote. Nous n’avons pas d’autres choix que ceux de l’action collective et de la mobilisation, pour contrer cette politique, obtenir des avancées sociales et imposer pour la jeunesse des investissements réels dans l’éducation.
Le bureau de la section académique de Strasbourg du SNES FSU
1. Les votes blancs ou nuls représentent 8,6% des suffrages. L’abstention est la plus élevée depuis 1969 avec 25,4% des inscrits.