Réforme des STI : Craintes non dissipées
La réforme des STI (Sciences et Technologies Industrielles) est imposée au pas de charge et soulève parmi les personnels des craintes croissantes. Mme le Recteur assistée de M.le Secrétaire Général Arène, de Mmes Faller (IA-IPR de Biochimie) et Beuriot (DRH), de MM Ostermeier (IA-IPR de STI) et Chauvineau (DAET) a réuni le mardi 15 février 2011 les représentants de l’ensemble des organisations syndicales pour faire le point sur les dispositifs d’accompagnement et de formation pour les professeurs des filières STI et STL (Sciences et Techniques de Laboratoire). Cette réunion n’a pas dissipé les inquiétudes de nos collègues.
Des personnels décontenancés
Devant notre insistance, l’Administration a dû dévoiler un certain nombre de chiffres. 362 professeurs des disciplines technologiques industrielles ont été entendus depuis le début du mois de janvier 2011. Sur ces 362 professeurs, environ 80 ont à l’heure actuelle des services complets en BTS (Brevet de techniciens supérieurs) et ne sont par conséquent pas directement pour l’instant par les incidences de cette réforme des STI et des STL. Restent environ 280 collègues qui enseignement exclusivement ou en grande partie dans les classes de Premières et de Terminales STI ou STL. Sur ces 280 professeurs une petite centaine ont été pressentis à l’heure actuelle pour une reconversion dans les nouvelles filières STI2D (Sciences Technologiques Industrielles et Développement Durable). Les critères de cette présélection ont été déclinés par l’Inspection. Il s’agissait entre autres de la « formation initiale qui prédisposait à une nouvelle approche systématique » (en clair des collègues qui avaient une formation initiale d’ingénieur) mais également « degré d’engagement dans ce nouvel enseignement ». Les personnels ont été particulièrement choqués par la brutalité de cette méthode d’investigation. Ils se posent surtout la question de leur avenir professionnel immédiat.
Quel projet de reconversion pour quel calendrier ?
Nous avons dû insister lourdement pour avoir quelques éclaircissements sur le sort des quelques 160 à 180 professeurs de STI qui ne sont pour l’instant pas « prédestinés » à assurer ce nouvel enseignement. Les solutions préconisées par M. le Secrétaire Général qui se targue d’avoir une certaine expérience dans le reclassement des personnels, sont loin d’être « apaisantes ». Parmi les dispositifs retenus, une part importante est prévue pour la reconversion dans d’autres disciplines. Parmi celles-ci figurent les mathématiques, les sciences physiques et surtout la technologie. Une quarantaine au moins de collègues seraient reconvertis en technologie et seraient affectés prioritairement en collège. Une autre partie (aucun chiffre n’a pu être avancé) serait-comme c’est d’ailleurs déjà le cas depuis quelques années-affecté dans les lycées professionnels. D’autres dispositifs de reconversion tout aussi fumeux ont été déclinés comme la reconversion en chefs d’établissement ou en corps d’inspection !
Dans l’immédiat ce sont les 17 établissements qui offrent cet enseignement de STI et STL qui sont à l’heure actuelle en train d’évaluer les besoins en enseignants dans les différentes disciplines dont les enseignements technologiques (génie mécanique et électrique surtout). Ils doivent obligatoirement -et ce n’est pas le cas dans tous les établissements- consulter les Conseils d’Administration avant de faire remonter les propositions de suppressions de postes soit par des non remplacements de professeurs partis à la retraite soit par des mesures de carte scolaire. Nous avons dû rappeler à Mme le Recteur l’urgence de la mise en place de ce calendrier et la notification à l’ensemble des personnels des règles pour le mouvement intra 2011, notamment celles qui concernent les mesures de carte scolaire. Les réponses de l’administration ont été plus qu’évasives là aussi. Il semblerait que les professeurs de STI susceptibles d’être touchés par une mesure de carte scolaire deviendraient TZR (Titulaires sur zones de remplacement) et rattachés provisoirement à leur ancien établissement. L’administration leur proposerait alors différentes solutions de reclassement. Ils pourraient alors en fonction de la nouvelle loi qui vient d’être votée par le Parlement être « rayés des cadres » en cas de refus de trois propositions !
Des dispositifs de formation très approximatifs
Nous avons aussi posé la question de la formation continue et très accélérée de ceux qui étaient prévus pour assurer dès la rentrée de septembre 2011 ce nouvel enseignement de STI2D. Force est de constater qu’improvisation rime avec impréparation. Pour l’instant il est prévu pour le « noyau dur » de ceux qui sont chargés de répercuter sur leurs autres collègues les contours de ce nouvel enseignement, une formation à partir du mois de mars-avril. Mais les contours de cette formation restent à l’heure actuelle très approximatifs. Une part importante serait laissée à la « téléautoformation » c’est à dire à partir d’une plate-forme consultable sur Internet.
Alors que le Conseil Supérieur de l’Education s’est prononcé le 1er avril et le 9 décembre 2010 contre les projets de réforme des séries STI et STL et que le Comité Interprofessionnel Consultatif a également rendu le 4 février 2011 un avis négatif sur les projets de programmes des séries STI2D, STL et STD2A, le Ministère et le Rectorat persistent dans leur volonté d’imposer une réforme malgré l’opposition de tous les acteurs.
Ici comme ailleurs, l’obstination n’est pas la meilleure façon de préparer l’avenir de notre jeunesse et de notre pays. Le SNES et la FSU renouvellent leur exigence d’un moratoire afin de prendre le temps de la construction d’une réforme pour les formations industrielles et de laboratoire.
Myriam Benedetti et Francis Fuchs, Représentants SNES/FSU au Comité Technique Paritaire Académique