Alors que de petites phrases, amplement relayées par les médias, jettent l’opprobre sur toute une profession en désignant les enseignants comme des « décrocheurs », des « fainéants », des « lâches », nous rappelons que ce sont les enseignants qui, pendant le confinement, ont continué d’inventer des solutions pour faire cours à distance, pour contacter les familles par tous les moyens possibles... en un mot pour faire vivre le service public d’éducation. Souvent seuls. Et avec leurs propres moyens !
Le mépris véhiculé par ces discours rejoint celui du gouvernement qui contraint les collègues à s’informer via la télévision, à préparer dans l’urgence une 4e rentrée avec, une fois de plus, des ordres, des contrordres, des injonctions contradictoires sur la distanciation physique, sans considération pour les objectifs pédagogiques de cette reprise.
Ce gouvernement, qui pointe à raison le décrochage de nombreux élèves et l’augmentation des inégalités pendant la période du confinement, est le même qui crée les conditions d’une école moins disante. Il est celui qui a supprimé des postes, qui envisage une place accrue du numérique et de l’enseignement à distance, qui expérimente l’externalisation des activités culturelles et sportives via le dispositif 2S2C (Sport, Santé, Culture, Civisme), l’année même où dans les collèges de l’académie a été décidée la suppression de la 2e heure dédiée à l’enseignement facultatif du chant choral.
Nous alertons en particulier sur la situation dans de nombreux lycées de l’académie où la baisse drastique des moyens horaires réduit l’offre des options, fragilise particulièrement la diversité linguistique, entraine une augmentation des effectifs des groupes. Au moment où se tiennent les derniers conseils d’administration de l’année, des enseignants apprennent qu’ils devront compléter leur service dans un 2e établissement.
Dans ce contexte, pas étonnant que l’Education Nationale peine à recruter, ce qui pèse notamment sur les moyens de remplacement pourtant seuls à même d’assurer la vraie « continuité pédagogique ».
Nous demandons donc l’abandon de toutes les réformes et mesures qui depuis plus de 2 ans démolissent méthodiquement l’école publique (gel du point d’indice, suppression de postes, réformes des lycées et du bac, Parcoursup, lois sur l’école de la « confiance » et sur la Fonction Publique).
Alors que la crise sanitaire a révélé l’importance des services publics, nous demandons pour la rentrée prochaine un plan pour l’école publique à la hauteur des exigences d’égalité, de qualification et d’émancipation dont doit se prévaloir l’école de la république.
Dans l’immédiat, nous appelons les collègues à participer au rassemblement organisé mercredi 24 juin à 15h devant le rectorat de Strasbourg (rue de la Toussaint), dans le respect des règles sanitaires.