Notre enquête porte sur 17 lycées de l’académie de Strasbourg, soit environ 25% des établissements. Elle a été effectuée du 14 au 19 juin 2020.
Préparation de la reprise
Pour préparer cette reprise, tous les établissements de l’échantillon ont réuni au moins une instance et trois ont réuni toutes leurs instances au-moins une fois (Conseil d’administration, Commission Hygiène et Sécurité, Conseil pédagogique). Vu la gravité de la situation les personnels semblent avoir été associés aux décisions, du moins informés. Il est à noter que seul un établissement n’a pas réalisé de formation aux « gestes barrières ».
Les modalités dans lesquelles se sont déroulées ces réunions sont plus variées, environ la moitié ont pratiqué des réunions uniquement en « distanciel » selon le vocable du moment, un quart en présence et le dernier quart a pratiqué un mix des deux modalités.
Principes guidant la reprise des élèves
Deux principes de construction de l’accueil ont été très largement respectés : celui du volontariat des élèves/familles (13 cas sur 17) et celui du respect absolu de la composition du groupe classe (11 cas). Cette situation semble propice à la qualité des activités qui ont pu avoir lieu en respectant le « sens » pédagogique et avec des élèves motivés.
Notons également que dans près de 50% des cas, c’est la capacité d’accueil en terme de salle et la capacité de nettoyage par des agents qui a limité le nombre d’élèves accueillis et pas la soi-disant volonté des enseignants de ne pas reprendre... Dans la plupart des cas, alors que la question n’était pas posée, les retours indiquent que tous les élèves volontaires ont pu être accueillis ! Néanmoins, la quasi totalité des établissements n’ont pas rouvert les formations post-bac en présentiel.
La réouverture n’est pas équivalente à une reprise, en effet, les emplois du temps sont modifiés dans presque tous les établissements (14) et se pose donc la question du choix des matières présentes dans ces nouveaux emplois du temps. Les établissements ont largement privilégié les matières de tronc commun (mathématiques, français, histoire-géographie) puis les spécialités des classes de première et dans une moindre mesure les langues vivantes, avec la difficulté que les groupes d’élèves ne correspondent pas aux classes. Seules les options semblent avoir été écartées de la reprise des cours en présence.
Enfin, pour maximiser le nombre d’élèves pouvant retrouver le chemin des bancs du lycée, plus de 40% des établissements ont intégré à leur réflexion une rotation des élèves accueillis.
Conditions de reprise des enseignants
La reprise partielle a assez logiquement créé un cumul des interventions en présence et à distance devant les élèves dans 80% des cas. Là, les modalités d’organisation ont été moins discutées avec les enseignants... pourtant, on touche ici au travail pédagogique et à sa qualité. Le dialogue social a encore du chemin à faire, même si les réponses du tableau ci-dessous laissent entendre une gestion globalement intelligente de la situation où l’enseignant a dû faire face à deux modalités de travail. Ce cumul présence distance, qui ne fait pas partie de la manière dont on évalue habituellement le travail enseignant sera à surveiller dans l’hypothèse d’une rentrée de septembre encore marquée par les contraintes sanitaires.
Conclusion
Nos collègues jugent à plus de 85% que le protocole sanitaire a été respecté. C’est bien, mais donc près de 15% des cas pourraient générer des problèmes en cas de seconde vague du virus...
Du côté du nombre d’élèves qui ont repris le chemin de l’école, les données sont extrêmement variables d’un établissement à un autre et d’un niveau à un autre :
- en seconde, de 0 à 95% (!), moyenne à 25%
- en première, de 0 à 75%, moyenne à 30%
- en terminale, de 0 à 50%, moyenne à 17%
On voit assez bien apparaître une fréquentation moins forte sur les niveaux où l’orientation est déjà jouée, la terminale et dans une moindre mesure la seconde. Le niveau première tient la palme, certainement en vue de la préparation du baccalauréat de l’an prochain.
Du fait des délais très courts entre les annonces du gouvernement et la date de reprise, on ne peut ici que saluer le travail des agents de l’éducation nationale sur le terrain. Le gouvernement et le ministère de l’éducation sauront-ils le dire ? Le SNES-FSU, oui !