L’enquête a été menée du 29 mai au 4 juin. Elle a été adressée aux correspondants du SNES et du SNEP-FSU dans les collèges de l’académie. Elle a recueilli 64 réponses représentant 42 collèges, soit 30% des collèges de l’académie. 27 collèges se trouvent dans le Bas-Rhin, 15 dans le Haut-Rhin.
Préparation de la reprise
Les instances ont été réunies dans la majorité des collèges mais dans 5 établissements (12%), les principaux n’ont réuni ni la CHS (Commission Hygiène et Sécurité), ni le CA, ni le Conseil Pédagogique. Au contraire, dans 38% des établissements les 3 instances ont été réunies. Sinon, c’est logiquement le Conseil d’Administration qui a été le plus consulté (83% des établissements), devant la CHS (un peu plus de 65% des collèges) et le Conseil Pédagogique (un peu plus de 50% des collèges). La forte présence de la CHS peut paraître surprenante dans la mesure où cette instance n’est pas installée dans tous les collèges mais s’explique par la prépondérance de la question sanitaire. Au contraire, la discussion sur l’organisation pédagogique de la reprise semble être passée au 2d plan.
Ces réunions de préparation ont eu lieu en visioconférence dans presque la moitié des établissements. Pour les autres, elles se sont tenues en présentiel (9 collèges), sans que les conditions sanitaires aient toujours été respectées, ou tantôt en présentiel, tantôt à distance selon l’instance et les membres invités.
Si les collègues ont été majoritairement informés du protocole sanitaire et de sa mise en œuvre dans l’établissement, 2 collèges n’ont pas proposé de formation aux gestes barrière pour les personnels…
Organisation pédagogique
L’éclatement d’un cadre commun déjà constaté lors de notre précédente enquête collège (voir Strasbourg Snes n°140, p.4) est encore plus flagrant dans ce contexte. Ainsi, si 60% des collèges ont fait le choix de conserver le groupe classe, dans 31% d’entre eux les élèves sont accueillis dans des groupes par niveau. Ces regroupements peuvent s’expliquer par la faiblesse des effectifs attendus (voir ci-dessous), d’autant qu’un établissement au moins signale que les élèves présents étaient moins nombreux en cette semaine de reprise que ceux annoncés.
Généralement, tous les élèves volontaires sont accueillis (37 collèges), même si dans de nombreux collèges la rentrée des 4e et 3e a été repoussée au 8 voire au 15 juin, et même au-delà dans un collège. L’accueil des élèves est cependant conditionné dans 5 collèges à la capacité d’accueil des salles pour respecter la limitation à 15 élèves (réduite à 10 dans certains collèges) ou à la possibilité d’assurer le nettoyage des salles et donc au nombre d’agents. Dans 2 collèges, si le nombre d’élèves était supérieur à la capacité d’accueil de l’établissement, il est envisagé de se baser sur l’ordre d’inscription des élèves. Dans un collège, il a été décidé que les élèves que leurs parents inscriraient plus tardivement ne seraient acceptés que dans la limite des places disponibles. Pour les autres établissements, l’inscription de nouveaux élèves au fil des semaines pourrait entrainer une variation du nombre de groupes, et donc obliger à refaire les emplois du temps.
En effet, ceux-ci ont été modifiés dans la quasi-totalité des collèges (une seule exception, un collège du Haut-Rhin), afin de respecter le protocole sanitaire. Dans 70% des collèges, toutes les disciplines ou presque sont proposées aux élèves. Dans ce dernier cas, l’absence de certaines disciplines s’explique par le fait que des enseignants restent en travail à distance. Cependant, certains collèges (14) ont fait le choix de ne pas inscrire certaines disciplines à l’emploi du temps, allégé, des élèves, en concertation avec les enseignants (dans 5 collèges) ou par décision de l’administration (9 collèges). Deux cas de figure sont représentés :
- Certaines disciplines sont écartées au motif que leur enseignement nécessiterait une pratique difficilement compatible avec le port du masque (ex Enseignement musical), l’usage d’un matériel spécifique (ex. technologie) ou des groupes différents de la classe (ex. Langues vivantes, Latin).
- Au contraire, dans 15% des collèges, des disciplines ont été choisies en priorité, principalement les mathématiques et le français, suivis par l’histoire-géographie et les langues vivantes et plus loin par les sciences. Cette sélection qui renvoie à une école des « fondamentaux » est inquiétante au moment où l’expérimentation du dispositif 2S2C (Sport Santé Civisme et culture) entend déléguer les disciplines artistiques et sportives aux collectivités locales et aux associations.
Pour permettre l’accueil de tous les élèves volontaires en limitant les effectifs présents dans l’établissement, dans plus de 60% des collèges, l’emploi du temps des élèves a été fortement allégé. Ces derniers peuvent alors être accueillis un jour sur deux (12 établissements) ou par demi-journée (10 collèges).
Conséquences sur le métier d’enseignant : la vigilance s’impose
Dans la majorité des collèges (près de 90%), la reprise se traduit par un cumul présentiel et distanciel, du fait d’une reprise initialement prévue pour les seuls niveaux 6e et 5e, même si la situation est très variable d’un établissement à l’autre, voire d’un collègue à l’autre. Même si ce cumul se traduit généralement par un allègement de l’emploi du temps en présentiel (près de 75% des collèges), plus rarement par un allègement des tâches à distance (45% des collèges), il est à craindre que cette organisation, discutée et décidée avec les enseignants dans moins de la moitié des établissements, ne se traduise par un nouvel alourdissement de la charge de travail (voir bilan de l’enquête sur le travail à distance pendant le confinement). A noter l’initiative d’un principal qui a même refait les états VS de tout le personnel enseignant pour le mois de juin ! Dans ce cas, surtout ne rien signer…
Autre crainte : la négation des qualifications disciplinaires. Si dans la quasi-totalité des collèges (40), les enseignants interviennent principalement dans leur discipline, dans 9 établissements certains peuvent être mobilisés dans une autre discipline que la leur, qu’ils soient volontaires ou que cela leur soit imposé. Dans ce cas, le choix fait par l’établissement s’apparente au dispositif « devoirs faits » où les collègues encadrent les élèves pour un travail préparé par les enseignants de la discipline, restés à distance. Cependant, dans deux collèges, ce sont les enseignants en charge du groupe qui doivent préparer les activités, avec par exemple un enseignant d’EPS qui doit faire de la « remise à niveau » en maths et français sans qu’aucun support ne lui soit fourni.
Le port du masque
Si le décret du 31 mai a introduit un certain flottement autour du port du masque et donc une inquiétude chez des collègues, une grande majorité des collèges (38) a décidé que le masque était obligatoire en classe pour les élèves.
Les masques « faits maison » sont aussi acceptés dans la plupart des établissements (33 sur 38 pour lesquels une réponse a été donnée) et il est généralement demandé aux élèves d’apporter 2 masques (24 collèges – dans 5 collèges, il est demandé un masque et dans 6 plus de deux).