En cette fin d’année, nous avons été alertées par plusieurs exemples témoignant d’une marchandisation de l’école, qu’il s’agisse de financer des projets pédagogiques ou de la mise en œuvre d’actions éducatives promues par des intérêts privés.
Ainsi, dans un collège rural du Bas-Rhin, la décision a été prise de créer une cagnotte en ligne pour financer l’intervention d’une « coach scolaire » dans le cadre du LATI. Un appel aux dons privés supposé remplacer une aide dont bénéficiait l’établissement dans le cadre d’un fonds de lutte contre le décrochage scolaire.
Ailleurs, ce sont des associations, paravents de grandes entreprises, qui proposent leurs services et interviennent dans les collèges, d’abord ceux de l’Education Prioritaire, pour développer la persévérance scolaire et permettre la réussite des élèves. Dans notre académie, c’est le cas notamment d’Energie Jeunes qui se targue d’un « rendement exceptionnellement élevé », là où « les politiques offrant davantage d’heures d’enseignement ou une réduction des effectifs par classe échouent souvent à améliorer substantiellement les résultats scolaires »1 et où des « programmes très ambitieux sur le plan des ressources » (dont les Réseaux Ambition Réussite, ZEP) ne « s’avèrent pas suffisants pour améliorer les résultats scolaires des élèves. »2 Ou encore FACE Alsace qui démarche les collégiennes pour leur proposer une formation aux outils numériques à travers l’opération « Wi-Filles ».
L’externalisation du traitement de la difficulté scolaire voire de missions de l’Education Nationale et le recours à des dons privés sont le pendant d’une politique éducative basée sur la réduction de la dépense publique et des postes.
Alors que l’éducation nationale – et le 2d degré en particulier – doivent composer avec l’austérité budgétaire et les suppressions de postes, des « stages de remise à niveau » ou de soutien scolaire prospèrent, tout en bénéficiant de crédits d’impôts. A noter que l’offre d’une de ces entreprises étaient récemment relayée sur les boîtes professionnelles des personnels de l’académie.
Pour le SNES et la FSU, il est urgent de donner à l’école publique les moyens d’exercer ses missions au service de tous les élèves. Nous appelons les collègues à nous faire remonter toutes les tentatives d’ingérence d’intérêts privés dans l’école et à s’y opposer.
2. Evaluation de l’impact du programme Energie Jeunes, 2016