Les annonces de Blanquer sont insuffisantes : elles ne sont pas l’enseignement en groupes dédoublés que nous revendiquons pour éviter les ravages du distanciel. Ce dernier creuse les inégalités et il ne suffit pas de dire que les élèves présents ou non auront le même enseignement pour effacer cette réalité. Nous aurions besoin pour cela de moyens humains supplémentaires, mais rien n’est évidemment prévu.... Et de toute façon un dédoublement supposerait des groupes relativement homogènes, mais la réforme de Blanquer rend la chose quasi impossible !
Comme toujours, tout est renvoyé en urgence au local pour l’organisation. Comme toujours, nous nous retrouvons à devoir gérer la pénurie et à faire au moins pire. Comme toujours ce sera de notre faute et nous aurons après le confinement le prof-bashing saison 2. La question de la surcharge de travail, sans doute un détail, est totalement éludée. Pendant que la moitié des élèves est au lycée, l’autre moitié doit étudier à la maison : double travail pour nous !
Blanquer renonce aux E3C ? Oui, mais cela accentue le rôle du contrôle continu, accélère la disparition du bac national et nous met en première ligne : si les notes ne conviennent pas, parents et directions sauront vite identifier le responsable. Parce que l’important, hein, c’est pas le bac : c’est parcoursup…
Blanquer annonce deux sujets pour les examens de spécialité ? La belle affaire… Les programmes de spécialité sont infaisables tels quels. Nous demandons depuis le printemps dernier leur allégement et un recul de la date des épreuves. Mais Blanquer campe sur ses positions ! Non seulement les programmes ne sont pas allégés mais les dates d’examen sont maintenues en mars puisqu’il en a besoin pour parcoursup… Comment préparer correctement les élèves à des épreuves à fort coefficient si nous devons enseigner à marche forcée, avec moins d’heure de cours en présentiel ? L’annonce de deux sujets n’est pas un allègement des programmes !
Alors même si Blanquer a quelque peu vacillé avec ses pseudo « aménagements », il fait comme toujours semblant et se défausse sur les autres. Comme le disait Jaurès dans sa Lettre aux Instituteurs et Institutrices, on sacrifie la réalité à l’apparence. Tiens, c’est étrange : ce mot de Jaurès ne figurait pas dans la version lue à nos élèves ce lundi 2… La réalité : le mépris est toujours là, l’enseignement est passé par pertes et profits, les « aménagements » ne sont que de façade et ne concernent ni les collèges ni les écoles.
Il faut donc maintenir la pression sur Blanquer ! La grève du 10 novembre est plus que jamais nécessaire pour rappeler la réalité et dénoncer le manque de moyens, humains, matériels ainsi que l’absurdité d’une réforme qui dégrade nos conditions de travail.
8 novembre 2020