En grève pour protéger les collèges et les lycées au cœur de la 5e vague et pour le report des épreuves du baccalauréat de mars à juin.
Face au raz-de-marée de la 5e vague, le gouvernement et le ministre de l’Éducation nationale font preuve d’une insuffisance irresponsable. Les mesures prises sont notoirement insuffisantes.
Des collèges et des lycées au bord de la rupture
Quelques jours après la rentrée, les collèges et les lycées sont déjà au bord de la rupture : vies scolaires submergées par la gestion des absences et des cas contacts, professeurs non remplacés, demi-pension en mode dégradé, absence de capteurs de CO2, impossibilité d’aérer correctement les salles…Tout illustre le refus de ce gouvernement d’investir pour sécuriser les collèges et les lycées.
Dans certains établissements scolaires, des autotests périmés sont distribués ! Après 20 mois d’épidémie, le gouvernement commence tout juste à comprendre l’intérêt des masques chirurgicaux pour l’Éducation nationale et les établissements scolaires ne sont toujours pas équipés correctement pour répondre au défi pourtant crucial de l’aération. Des moyens lui ont même été retirés, à l’image des 7490 suppressions d’emplois depuis 2018 qui ont encore réduit les capacités de remplacement déjà insuffisantes. Comment croire à une quelconque considération pour notre système éducatif quand rien n’a été fait pour l’adapter à la crise sanitaire en 20 mois ?
Bac en mars : mission impossible
Actuellement, de nombreux élèves et professeurs sont mis à l’isolement, les classes se vident puis se remplissent puis se vident à nouveau, au gré des découvertes de cas de Covid. L’heure est donc à la discontinuité pédagogique qui fragilise encore davantage les apprentissages. Dans ces conditions, comment croire qu’il est possible de préparer sereinement les épreuves de baccalauréat qui sont prévues dans 7 semaines, mi mars ? Les inégalités de préparation devant l’examen sont de plus en plus flagrantes !
Stop mépris !
La communication de Jean-Michel Blanquer est insupportable : depuis le début de l’épidémie, elle est guidée d’abord par des impératifs de communication politique plutôt que par le souci d’une communication respectueuse des personnels. A de très nombreuses reprises, les personnels ont appris par la presse comment serait organisé leur quotidien professionnel.
Depuis 20 mois, les personnels tiennent le service public d’Education à bout de bras, souvent seuls, au milieu des ordres et contre ordre ministériels, quand ce n’est pas du mépris qui s’exprime à l’image de l’emploi ministériel du mot « absentéiste » à l’encontre des professeurs malades.
Trop, c’est trop ! Il est temps de faire entendre au ministre que nos collèges et nos lycées ne peuvent fonctionner ainsi, entre protocole fantôme et mépris. Face à l’incurie de Jean-Michel Blanquer, le SNES-FSU appelle à la grève, le jeudi 13 janvier 2022.
Dans l’immédiat, pour faire face à la 5e vague, il exige
– du matériel de protection adapté pour tous les personnels et les élèves : masques FFP2, masques chirurgicaux, capteurs de CO2, purificateurs d’air, autotests
– le report des épreuves de spécialité du baccalauréat de mars à juin
– le recrutement de personnels pour renforcer les vies scolaires
– l’isolement des cas contacts intrafamiliaux
– l’élargissement du vivier de remplaçants par le gel des suppressions d’emplois, la création des postes nécessaires pour répondre aux besoins et le recours aux listes complémentaires
La rentrée scolaire décrite par le ministre de l’Éducation nationale ne correspond pas à la réalité alertent les syndicats enseignants. Ils dressent un bien sombre tableau.
Le protocole sanitaire adressé aux membres de l’Éducation nationale dimanche soir, après une interview du ministre, la veille de la rentrée scolaire du lundi 3 janvier, est resté en travers de la gorge de la plupart des professeurs, directeurs d’école, chefs d’établissement…, assurent les représentants du personnel membres du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) du Bas-Rhin. « C’est méprisant », résume François Fridelmeyer du Sgen-CFDT.
D’autant plus que ce protocole est « absurde, inefficace face à un variant super contaminant », poursuit Myriam Brandt de la FSU. Et entendre le ministre Jean-Michel Blanquer dire qu’il y aura « suffisamment de masques » a été très mal ressenti. « Nous disposons d’une dotation de six masques en tissu lavables 50 fois reçue à la rentrée de septembre 2021. Des masques inefficaces alors que nous réclamons depuis deux ans des masques chirurgicaux ou FFP2. Notamment pour les personnels des maternelles qui travaillent avec des enfants non masqués », rappelle Laure Trémolières de l’Unsa. Une nouvelle dotation de masques en tissu est en attente. « Ce sera du gaspillage. Les professeurs continueront à acheter des masques chirurgicaux. L’employeur est responsable de la santé au travail, mais il ne fournit pas une protection suffisante », constate Jacques Pousse de FO.
« Travailler en route sécurité »
Les représentants du personnel ont organisé, mercredi et jeudi, un sondage auprès de 160 écoles et établissements scolaires du Bas-Rhin. Les retours sont édifiants. Les masques : 96 établissements contre 47 indiquent qu’ils ne sont pas fournis en nombre suffisant. Capteurs de C02 : 127 établissements n’en ont aucun. Autotests : 102 en disposent, 53 n’en ont plus… Mais surtout, cette enquête flash confirme un profond malaise. Les mots-clés qui reviennent sont : « insécurité, épuisant, impréparation, improvisation, colère, déprimant, mépris, casse-tête, abandon… ». La majorité des personnels « ont le sentiment d’être exploités, pas considérés, pas respectés, pas écoutés : 80 tout à fait, 50 plutôt oui, 20 pas vraiment, deux pas du tout », indique Myriam Brandt. L’an dernier dans le Bas-Rhin, « 18 professeurs du primaire ont démissionné et cinq sont partis en rupture conventionnelle, sur 20 demandes, c’est un record », s’inquiète Laure Trémolières, « sans compter les démissions des professeurs stagiaires ».
Une alerte sociale nationale a été posée par une intersyndicale, alors que de plus en plus d’élèves et de professeurs sont touchés par la maladie. Des centaines de classes ont été fermées en Alsace en raison de nombreux cas de Covid sur décision conjointe du rectorat de l’ARS (Agence régionale de santé) et de la préfecture - mais à partir de combien de cas, les syndicats sont dans l’inconnu - ou par manque de professeurs remplaçants. Lundi dans le Haut-Rhin, « 49 classes avaient été fermées et 108 classes n’ont pas pu ouvrir faute de professeurs remplaçants », précise André Gehenn de l’Unsa 68. Malgré la situation, « nous ne voulons pas que les écoles ferment, car nous connaissons les ravages d’un confinement » affirme François Friedelmeyer, « mais nous voulons travailler en toute sécurité ».