Le 22 novembre 2018, le SNES FSU a réuni des CPE pour une formation animée par Régis Rémy et Olivier Lelarge, ancien et actuel responsables du secteur CPE du SNES….
Dans un premier temps, un tour de table a permis d’échanger sur les dysfonctionnements du nouvel ENT « Mon Bureau Numérique » qui ont des conséquences en particulier sur le travail des vies scolaires et des CPE et de réfléchir à des actions (courrier aux collectivités, intervention en début de conseil de classe, motions lors des CA, pétition….).
Puis, la matinée a été consacrée à un retour sur l’histoire du métier de CPE. Les premières références au conseiller d’éducation apparaissent après la 2e Guerre Mondiale et sont portées par des acteurs issus de la Résistance. Ainsi, en 1945, des pédagogues lyonnais écrivent une lettre à René Capitant (responsable de l’éducation de 1943 – résistance – à 1945), demandant le remplacement des surveillants généraux par des conseillers d’éducation afin d’éviter le recours aux sanctions, de mettre fin à la relation autoritaire entre maître et élève, de favoriser la réussite scolaire et l’apprentissage civique. Cela impliquait évidemment une formation adéquate. Ces préconisations sont expérimentées dans quelques CET (Collèges d’Enseignement Technique) de l’agglomération lyonnaise puis relayées par des inspecteurs généraux comme Odette Brunschwig, Jeanne Dejean ou Marcel Sire.
Mais le projet de création du corps devra attendre 1970, dans la foulée de 1968. Il est porté notamment par une intersyndicale (CGT – CFDT – SNES) qui revendique la diminution du nombre de contractuels, le droit de grève, des améliorations des conditions de travail et une véritable formation et mène une bataille pendant 4 ans après la parution d’une première circulaire en 1972. Pendant toute cette période, les réticences de chefs d’établissement ont pu être un frein à l’émergence du métier de CPE.
Si l’implantation massive des CPE (en particulier dans les collèges) date de 1981, cela s’est fait dans des conditions douteuses par la titularisation sans formation de nombreux contractuels, notamment des surveillants. Et ce n’est qu’en 1989 que le métier de CPE est vraiment constitué avec un seul corps, formé dans les IUFM (Instituts de Formation des Maîtres), chargé, avec les enseignants de l’évaluation et du suivi des élèves, travaillant avec la vie scolaire avec en point d’orgue la circulaire de 2015 (sur laquelle le SNES-FSU a pesé de tout son poids) qui définit le temps de travail du CPE (35h inscrites à l’emploi du temps).
L’après-midi a été l’occasion de parler des enjeux actuels du métier. Un des motifs d’inquiétude, comme dans toute la Fonction Publique, concerne le projet de réforme porté par le rapport CAP2022 que le SNES-FSU rejette en bloc : rémunération au mérite, recours massif aux contractuels, abandon de missions de service public au profit d’organismes privés, attaques contre les statuts.
Mais les conditions d’exercice des CPE pourraient aussi être dégradées par la volonté affichée de développer les postes à profil, parallèlement au recrutement local par le chef d’établissement, les suppressions de postes tandis que les vies scolaires pourraient être déstabilisées par l’emploi d’AED pour assurer des remplacements d’enseignants ou encadrer des activités pédagogiques.
Par contre, si la sortie des CPE du régime dérogatoire de la Fonction Publique a eu pour conséquences la chute du nombre d’élus dans les Commissions Administratives Paritaires des CPE et la publication d’une note de service séparée de celle des enseignants pour les mutations (même si le barème reste identique à celui des enseignants), il n’est pas question de transfert des CPE à la région contrairement à la menace qui pèse sur les services d’orientation.