Une quarantaine de professeurs du lycée Blaise-Pascal à Colmar ont tenu un piquet de grève hier devant leur établissement. Une mobilisation surprise qui fait suite à l’annonce de la suppression d’un poste en mathématiques. (article de Nathalie Jousse-Niang, DNA, 18 mars 2021)
Il y a un mois, les syndicats enseignants avaient déjà tiré la sonnette d’alarme. La nouvelle baisse de dotation horaire annoncée pour la rentrée prochaine au lycée Blaise-Pascal, de près d’une centaine d’heures, était déjà très inquiétante. Une motion avait été prise en conseil d’administration le 9 février.
« On nous avait fait la promesse qu’il n’y aurait pas de suppression de postes. Toutes les disciplines ont fait des efforts pour rogner une heure par-ci par-là. En soi c’était déjà grave. Faut bien se rendre compte qu’en deux ans on a perdu 200 heures de cours au lycée général ! Environ 10 % de nos heures d’enseignement ! », enrage Yvan Gerun, élu SNES-FSU.
Son collègue de SUD Nicolas Bettembourg renchérit : « Ça veut dire concrètement que, par exemple, en section européenne anglaise on va passer d’une heure de cours par semaine, à une heure tous les quinze jours. Alors oui sur le papier, cette section existe toujours, mais dans les faits, elle a quasiment disparu. On a déjà perdu la section européenne allemande ! Fini les options, les projets. Sans compter que tout ça va donner des classes surchargées à 35 élèves. »
« Les difficultés augmentent mais les moyens baissent ! »
L’annonce de la suppression d’un poste en mathématiques mardi, c’est donc la goutte qui a fait déborder le vase. « Notre collègue s’est vu signifier qu’elle serait inscrite au mouvement car son poste à Blaise-Pascal était supprimé », indique Yvan Gerun. En signe de protestation, près d’une quarantaine de professeurs, sur la centaine que compte le lycée général, se sont rassemblés jeudi dans la matinée autour du piquet de grève à l’entrée de l’établissement.
Une mobilisation assez inhabituelle pour l’établissement, qui traduit un véritable ras-le-bol. « Ça fait deux ans qu’on navigue à vue. Les difficultés augmentent mais les moyens baissent ! Le plus gros problème dans tout ça, c’est qu’on est en train de sacrifier toute une génération d’élèves, entre la réforme du lycée, le Covid, les cours en distanciel, la crise économique qui s’annonce… », s’indigne un gréviste. « On compte sur la bonne volonté des enseignants, comme à l’hôpital avec les soignants. Mais ça va craquer à un moment », prévient Sophie Reitzer du Sgen CFDT. « On sent tellement d’impuissance et de lassitude. »
Un professeur du lycée Koeberlé de Sélestat était venu soutenir ses collègues colmariens : « Chez nous, c’est la même chose, on a aussi un poste de maths qui ne tient plus qu’à un fil. A terme de toute façon, tous les lycées vont perdre un, voire deux profs de maths. C’est la réforme qui veut ça, les élèves qui ne choisissent pas la spécialité ne font presque plus de maths à partir de la première ! »
La suite du mouvement ? « On va en discuter en intersyndicale lundi. Ça dépendra de la réponse donnée par le rectorat. Ce vendredi, un comité technique académique doit se réunir pour entériner les suppressions de postes, on verra », annoncent les syndicalistes.
La direction du lycée Blaise-Pascal, elle, n’a souhaité faire aucun commentaire.