13 mai 2025

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CIO-PSY-EN : Compte-rendu de l’audience au Rectorat

Le SNES-FSU a été reçu en audience, à sa demande, le 6 mai par la Secrétaire Générale de l’académie, le DRH, le chef du SAIO et le Directeur de cabinet adjoint du Recteur.

En introduction, la Secrétaire Générale a rappelé que cette période était particulière pour le corps des PSY-EN avec la conjonction des assises de la santé scolaire pour lesquelles les PSY-EN sont sollicités et la consultation sur l’orientation dont les conclusions ne sont pas encore connues. Le corps des PSY-EN est donc à une croisée des chemins avec une évolution du métier vers un Pôle santé ou un recentrage sur les missions d’orientation. Dans ce contexte, elle conçoit qu’il puisse y avoir une perte de sens et une insatisfaction professionnelle par rapport à ce qu’est devenu le métier.

L’audience a permis d’aborder plusieurs points.

1) La question des postes

PSY-EN

Avec 29% de postes PSY-EN vacants, l’académie de Strasbourg est dans une situation moins défavorable que le national. Mais les difficultés se concentrent dans certains CIO, particulièrement au Sud de Colmar avec une situation critique à Altkirch et Mulhouse où la moitié des postes ne sont pas pourvus. La désaffection des concours se traduit par une pénurie de titulaires et un appel aux contractuels qui représentent 15 à 20% des personnels en moyenne (allant jusqu’à 60% dans un CIO).

Dans ce contexte, le SNES-FSU a déploré le gel des recrutements des contractuels au dernier trimestre de l’année 2024, d’abord dans l’attente du nouveau budget mais encore aujourd’hui. La seule autorisation de recrutement a concerné un CIO pour lequel aucun candidat ne s’est présenté. Et cette autorisation a été transférée trop tardivement sur un autre CIO pour lequel il y avait des candidatures : les psychologues candidats avaient entre-temps trouvé un poste ailleurs. Le SNES-FSU a insisté sur le fait que les psychologues n’ont pas de mal dans le contexte actuel à trouver des opportunités de postes un peu partout et que si on ne leur propose pas un poste rapidement dans un CIO proche de leur domicile, là où ils postulent, ils seront perdus pour les services d’orientation.

Le SNES-FSU a demandé que les autorisations de recruter sur les postes restés vacants soient accordées dès la rentrée de septembre 2025 et que les collègues en CDD soient renouvelés. La Secrétaire Générale a assuré que sous condition de l’avis favorable des DCIO, les CDD des PsyEN déjà en poste seront bien reconduits et qu’elle autorisera le recrutement de nouveaux PsyEN en septembre en priorité dans le sud du département, sur Mulhouse et Altkirch et peut-être Guebwiller si la situation le nécessitait. Le DRH a précisé que l’académie bénéficierait du renfort de 3 entrants au mouvement inter-académique. La question des PSY-EN sera aussi évoquée lors d’une journée organisée par le Rectorat avec France Travail.

Personnels administratifs

Concernant les postes administratifs, le Rectorat explique que le choix a été fait par l’académie d’implanter 2 postes par CIO, le 2e poste pouvant être pourvu par des personnes en reconversion. L’augmentation des temps partiels thérapeutiques est perçue comme une difficulté pour les Ressources Humaines, d’autant que ces temps partiels ne sont pas compensés par le ministère.

Le SNES-FSU a rappelé que l’augmentation des temps partiels thérapeutiques pouvait aussi s’expliquer par la dégradation des conditions de travail et a pointé le cercle vicieux des postes vacants / incomplets qui entraînent un report de la charge de travail sur les personnels en poste qui peuvent craquer. Il a aussi pointé la spécificité des postes administratifs en CIO, dont les missions comportent un important volet d’accueil du public, et d’un public qui peut être fragile, avec des moments de tension, notamment en septembre quand les non –affectés doivent être pris en charge.

Le Rectorat dit entendre le besoin de formation de ces personnels, évoquant une meilleure identification des besoins en lien avec les DCIO, une réflexion sur les outils de formation, comme des webinaires ou des formations déjà expérimentés par l’EAFC pour les personnels du Rectorat et la mise à jour du référentiel de compétences des secrétaires de CIO de l’académie.

2) Missions et charge de travail

L’enquête du SNES-FSU avait mis en évidence une augmentation des missions des PSY-EN, en particulier l’évaluation des élèves à besoins particuliers, le suivi des élèves en situation de mal être alors que la santé mentale des adolescents est une préoccupation croissante, les bilans pour les PAP, les reconnaissances de handicap, les demandes d’orientation en SEGPA, la prise en charge du décrochage scolaire.

Les collègues font état d’une souffrance du fait de la charge de travail et de la charge mentale et de l’impossibilité de bien faire son travail.

Alors que les missions évoluent et se complexifient, la formation continue s’avère trop réduite et pas toujours adaptée. La problématique du mal-être des jeunes, avec des attentes fortes dans les établissements, nécessiterait par exemple une formation à des compétences cliniques. Les groupes d’analyse de pratiques permettent certes aux collègues de prendre du recul et d’avoir un regard extérieur mais ils ne sont pas suffisants. D’autres académies comme Créteil ou Versailles proposent une formation continue plus développée.
Par ailleurs, alors que le décret de 2017 a créé un corps unique des PSY-EN, on constate que les formations des EDA et des EDO restent distinctes alors qu’une mutualisation d’une partie de la formation pourrait être intéressante.

Dans l’attente d’une meilleure prise en compte des besoins de formation par l’EAFC, il a été demandé que la participation à la journée régionale d’étude académique des PSY-EN puisse être prise sur leur temps de travail. Ce serait aussi une forme de reconnaissance pour les collègues.
La Secrétaire générale s’est dite attentive à cette question de la formation.

3) Budget – locaux

Le SNES-FSU a fait état des budgets notoirement insuffisants attribués au CIO (entre 1 500 et 3 000 euros par CIO, en général autour de 2000 euros). Alors que l’achat des tests pèse lourd (pouvant aller jusqu’à 2/3 du budget) et que les prix augmentent (+20% entre 2023 et 2024), la faiblesse des budgets oblige les CIO à des arbitrages difficiles, jusqu’au grammage des feuilles, pour faire des économies. Chaque dépense est ainsi pesée, qu’il s’agisse de matériel pédagogique pour animer les séances collectives ; d’achat de livres et revues ; de fournitures de bureaux ; d’achat de protocoles, outils de diagnostic, questionnaires d’intérêt….

Pour les CIO de Guebwiller et Molsheim notamment se pose également la question des locaux, avec des bureaux exigus, parfois en open space alors que certains entretiens nécessitent la confidentialité, et du mobilier.

La Secrétaire générale a rappelé qu’en 2024 le Rectorat avait pris à sa charge l’achat des protocoles et de tests pour un montant de 15 000€ (dans les faits, seuls 4 000€ avaient été engagés, les commandes de 11000 € ayant déjà été faites par les CIO et défalquées de ce montant) et qu’un crédit pédagogique de 15000 € venait tout récemment d’être reconduit pour les CIO pour l’année civile 2025 pour faire face à ces dépenses. Elle a ajouté que c’était un effort non négligeable dans le contexte actuel de restriction budgétaire.

Une des pistes pourrait également être de mutualiser des dépenses communes aux CIO, par exemple pour des abonnements annuels à des revues sous forme numérique ou à des questionnaires d’intérêts en ligne. Mais le Rectorat rappelle que les contraintes budgétaires sont fortes.

Sur les locaux, le Rectorat est en attente du résultat de la consultation sur l’orientation puisque l’une des pistes serait de positionner les PSY-EN dans les établissements, piste à laquelle le SNES-FSU est clairement opposé. Il n’est pas exclu que des regroupements de CIO puissent être décidés, ce qui est déjà le cas dans d’autres académies, mais pas pour celle de Strasbourg.

En conclusion, le SNES-FSU a aussi demandé où en était le projet de réécriture de la note académique sur le temps de travail du 11 juin 2020, pour laquelle des clarifications sont nécessaires.