Pas de labellisation des CIO sans cadrage national et académique !
Un service d’orientation sous double tutelle ? Une préparation à la sortie de l’Education Nationale pour les CIO ? Le travail du COPsy se résume-t-il à l’aide à l’élaboration d’un projet exclusivement professionnel ?
La loi sur l’orientation tout au long de la vie et ses textes d’application fixent le cadre de la procédure de labellisation et peuvent ainsi infléchir de façon importante l’activité des CIO. Or, ces textes n’ont nullement été négociés avec la profession.
Le nouveau paysage :
La loi du 24 novembre 2009 sur l’orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie a déplacé les équilibres antérieurs entre formation professionnelle initiale et continue. Jusqu’alors, la formation professionnelle initiale était de la seule responsabilité de l’Education Nationale. Il en était de même de l’orientation avec le réseau des CIO. Cette loi marque la volonté de « rapprocher », en fait de confondre, formation initiale et formation continue.
Le CNFPLV (Conseil National de la Formation Professionnelle Tout au Long de la Vie) est devenu ainsi l’instance de concertation qui donne son avis sur certains textes législatifs et réglementaires dans les domaines de la formation professionnelle initiale et de l’orientation tout au long de la vie.
Il en est de même dans les régions. Le CCREFP (Comité de Coordination Régional de l’Emploi et de la Formation Professionnelle) est devenu une instance majeure où pourraient se décider les politiques publiques régionales (Etat et Région) en matière de formation (y compris initiale) et d’orientation, et ce même si les compétences des Recteurs n’ont pas été remises en cause. En matière d’orientation, le curseur s’est déplacé, puisque c’est le Préfet qui décide de la labellisation des organismes.
L’orientation est intégrée dans le CPRDFP (Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles) dont le fil rouge est l’emploi.
En Alsace :
Une Charte Régionale pour l’animation d’un service public de l’orientation en Alsace a été adoptée le 24 juin 2011 (rappel : opposition de la FSU)
La politique régionale d’orientation sera définie dans le cadre d’un Comité d’Orientation réunissant l’Etat (Recteur, CSAIO) et la Région qui y a une place prépondérante.
• Le dossier de labellisation est transmis au CCREFP ou à sa commission labellisation, où l’Education Nationale est minoritaire. La labellisation se fait sous l’autorité du préfet, sous l’égide de la DIRECCTE (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi)
• Il prévoit la désignation d’un responsable de la structure labellisée qui fixera les conditions d’exercice, les activités du PIOFM (Pôle Information Orientation Formation Métier) et suivra l’activité des personnels.
En Alsace c’est une mise en réseau d’un ensemble de services (CIO, ML, Pôle Emploi) qui « garderait chacun sa spécificité » : il faudra une vigilance constante pour revendiquer et défendre notre spécificité dans un tel cadre.
Dans les 9 territoires annoncés en Alsace, il y a de fortes « chances » pour que les MEF (Maisons de l’Emploi et de la Formation) soient désignées comme pilotes et la question se pose à plus ou moins long terme du maintien d’un seul CIO par territoire (actuellement : 13 CIO pour l’académie). Pour Mulhouse, 1er « territoire » visé, la MEF serait responsable de la Cité des Métiers, qui elle même ne peut exister sans les organismes labellisés qu’elle voudrait englober sans convention (type de participation, quel personnel etc.), le CIO perdant alors toute spécificité !
Pour les CIO, qui sera maître des conditions de participation à cette politique régionale ?
Quel sera le rôle des DCIO ? Aurons-nous les conditions pour continuer notre travail dans les établissements scolaires ? Les établissements labellisés seront évalués sur leur participation à la politique régionale !
Nous demandons un accord cadre national car nous sommes un service public national, notre statut et nos missions ont été définies au niveau national.
De plus est-il normal que ce soit le DCIO seul, alors que cela ne rentre pas dans son champ de compétences, qui négocie seul face aux autres partenaires ?
C’est aussi la raison de la demande d’une concertation avec l’ensemble des personnels, à minima avec leurs élus, et d’un accord cadre académique respectant statut, missions, spécificité des CIO et des COPsy{{}}, indispensable puisque :
• Le cahier des charges tel qu’il est prévu dans les textes nie toute différenciation du public en formation initiale et du public adulte en définissant le même accueil et les mêmes « services » pour tous.
• Il ne précise aucune qualification spécifique pour intervenir auprès des élèves de collège et de lycée.
Une mutualisation des outils et un guide de « bonnes pratiques » doit être mis en place. Or : travaille-t-on de la même façon avec un adolescent - pour qui les choix d’orientation sont intimement liés à la réussite scolaire, à la construction identitaire et au rapport à l’avenir - et avec un adulte en recherche d’insertion ou de réorientation professionnelle ? l’objectif est-il uniquement de construire un « projet professionnel » et de cautionner l’illusion que les problèmes d’emploi sont liés à une « orientation irréaliste » ? Nous demandons à rester maîtres de nos outils en tant que COPsy de l’Education Nationale et à ne pas devenir des conseillers professionnels.
Ces procédures conduisent à l’éclatement et à la disparition du service public d’orientation de l’Education Nationale. Nous ne pouvons l’accepter.