6 juillet 2022

Exercer en collège, lycée, CIO

Bilan d’une année en lycée - Motion du lycée Georges Imbert (Sarre-Union)

A l’heure du bilan de l’année scolaire 2021-2022, les représentants FSU des personnels enseignants et d’éducation souhaitent alerter sur les conditions dans lesquelles cette année s’est déroulée et sur les conditions dans lesquelles se prépare la rentrée dans notre établissement.

La réforme du baccalauréat général ainsi que l’austérité en matière de Dotation horaire ont des effets induits qu’on ne peut désormais plus ignorer sauf à vouloir les soutenir.

Dans le doute, nous vous listons les principales conséquences pour nos élèves, leurs familles et pour le personnel d’éducation.

La disparition de l’existence de la classe : inefficace !

Les élèves n’ont plus le sentiment d’appartenance à une classe : dès la Première, ils sont atomisés comme des étudiants à l’Université dans des groupes éclatés, ce qui rend très difficile la dynamique commune. Certains éprouvent même une certaine solitude, très néfaste pour des adolescents.
Du côté des familles, cette disparition de la classe est peut être passée inaperçue, mais elle peut expliquer certaines difficultés que leurs enfants éprouvent à l’égard du temps scolaire.
La disparition de la classe a des conséquences aussi du côté des professeurs. Les groupes de spécialités sont composés d’élèves pouvant être issus de 3 classes différentes : le suivi des élèves devient compliqué et lourd pour un professeur de spécialité qui doit composer avec toutes les équipes pédagogiques des classes. Il y avait jusqu’à 23 professeurs concernés pour un seul groupe... Comment alors échanger sur les difficultés des élèves, se concerter, mettre en place des projets... ?
De plus, quand le professeur de spécialité est professeur principal, il l’est aussi pour des élèves qu’il n’a pas en classe : tout à fait inefficace pour le suivi d’orientation !

Anxiété et stress des élèves et familles : injustes !

L’obligation de choisir des spécialités qui compteront pour 1/3 du baccalauréat est imposée trop précocement, c’est à dire dès le mois de février en Seconde ce qui entraîne une pression de « faire les bons choix » en vue de l’orientation post-bac. Cette situation aggrave les inégalités culturelles en matière d’orientation, tout en laissant l’illusion d’une liberté de choix : tout à fait injuste et angoissant pour les familles et les enseignants !

Disparition du temps et de la sérénité dans l’apprentissage : catastrophique pour les savoirs

Malgré quelques aménagements, les programmes dans les matières de spécialité sont infaisables dans le temps imparti. Il en résulte un stress permanent pour les enseignants qui accélèrent pour finir les programmes. Les élèves les plus fragiles sont mis en sérieuses difficultés et tous les élèves pâtissent de cette accélération du temps d’apprentissage : tout à fait catastrophique pour la maîtrise des savoirs !

Le contrôle continu du baccalauréat : inéquitable !

Le baccalauréat repose désormais sur un contrôle continu, propre à chaque établissement, qui compte pour 40 % de la note finale. Chaque note devient source de stress pour les élèves. On fabrique une obsession de la note et donc une pression permanente pendant 2 ans au lieu de vivre sereinement un parcours d’apprentissage. Cela conduit parfois à des stratégies d’évitement et à un absentéisme aux évaluations comptant pour le baccalauréat qui nous entraînent dans une course permanente aux rattrapages, pesant sur les professeurs et le personnel de vie scolaire.
L’évaluation est devenue en grande partie inéquitable du fait de ces plans locaux d’évaluation propres à chaque établissement.

Un calendrier scolaire dégradé !

Avec cette réforme, le 3e trimestre a disparu : les examens finaux ont commencé cette année le 11 mai... A partir de cette date, les emplois du temps sont désorganisés : salles mobilisées pour les écrits, professeurs mobilisés pour corrections, parfois en même temps qu’ils donnent des cours, passation des oraux en sciences ou en langues vivantes... Ce calendrier couplé à Parcoursup rend tout le monde dingues : conseils de classe dès le mois de mai, livrets scolaires à compléter début juin, réunions d’harmonisation au contraire tardives... Même le personnel du Rectorat est mis sous pression...
Les épreuves de spécialité passées à la mi-mai, les élèves ont eu bien du mal à se remobiliser et à mener de front préparation des épreuves de spécialité, poursuite des apprentissages du tronc commun et préparation du grand oral...
La reconquête du 3e trimestre pour l’ensemble des lycéens est fondamentale en changeant le calendrier des examens finaux en terminale et en respectant le travail de chacun : les examens doivent se tenir en juin !

Des moyens limités et distribués au compte-goutte !

Enfin, malgré le contexte socioculturel spécifique et le caractère rural et excentré de notre lycée, les moyens attribués à notre établissement pour la rentrée 2022 restent insuffisants.
Postes gelés, incertitude en termes de BMP, DHG qui ne permet pas les dédoublements correspondant aux besoins, recrutement d’enseignants en nombre insuffisant qui a empêché le remplacement rapide des professeurs absents et conduit les élèves à subir la politique restrictive en matière de recrutement de Titulaires sur Zone de Remplacement, mais qui a aussi conduit à l’embauche de plus en plus précaire de collègues contractuels.

Nous demandons des moyens à l’échelle nationale et académique afin de fonctionner de manière sereine et de garantir aux élèves des conditions d’apprentissage correctes.
Les solutions sont connues : elles sont à rebours de nos constats. La réforme du baccalauréat général ainsi que la poursuite de l’austérité en matière de Dotation horaire ont des effets induits qu’on ne peut désormais plus ignorer sauf à vouloir les soutenir. Pour construire une école de l’égalité, vous savez désormais quelle direction suivre.