Réforme après réforme, c’est bien une politique d’inspiration thatchérienne qui est mise en œuvre par Emmanuel Macron et qui entend défaire méthodiquement ce qui reste de notre modèle social.
Aucun secteur n’est épargné : services publics, rail, énergie : tout est offert à la privatisation et à la mise en concurrence. La réforme des retraites prévue pour 2019 entérinera elle aussi un recul social, puisque dans le système envisagé, le montant des pensions sera tributaire de la conjoncture économique.
Il faut bien comprendre que l’ensemble de ces réformes font système. Toutes ont le même dénominateur commun : réduire l’égalité des droits, supprimer les protections collectives et instaurer la concurrence de tous contre tous, en renvoyant à chacun la responsabilité de ses échecs.
De la réforme de la SNCF …
Transformation en SA, pour préparer la privatisation, suppression du statut des cheminots, ouverture à la concurrence, suppressions de 9000 kilomètres de lignes, filiarisation du fret... : c’est une atomisation du rail public qui se prépare.
Au niveau des territoires, cette réforme aura des conséquences dramatiques. En concentrant les investissements sur les grandes métropoles et les nœuds ferroviaires, le gouvernement s’apprête à créer de véritables déserts ferroviaires. Il porte ainsi atteinte à un droit fondamental : le droit au transport. Le réseau ferré français, dont le développement est une priorité incontournable, doit être en capacité d’irriguer l’intégralité du pays, et ainsi jouer son rôle dans l’aménagement du territoire. Cela est incompatible avec une ouverture à la concurrence (cf le film de Ken Loach, The navigators, et les documentaires : EDF, les apprentis sorciers, 2006, 3e volet d’une série de trois documentaires conçue par Gilles Balbastre avec Poste, un drôle de pli et SNCF, une erreur d’aiguillage).
Contrairement au discours dogmatique du gouvernement, la lutte des cheminots n’est pas corporatiste : lutter pour un service public ferroviaire, c’est lutter pour défendre un maillage territorial qui répond, non pas à des intérêts financiers, mais à des intérêts humains ; c’est lutter pour un mode de transport où la notion de sécurité prime sur celle de rentabilité ; c’est œuvrer en faveur de la transition écologique ; c’est lutter contre les discriminations économiques et territoriales.
Qui peut croire que la suppression du statut des cheminots fera arriver les trains à l’heure et améliorera la vétusté du réseau ferré ?
… à celle de la Fonction publique
Chacun comprendra que les attaques contre le statut des cheminots sont le prélude à une attaque généralisée contre la Fonction Publique. Sous couvert de modernisation et de recherche d’efficacité, le gouvernement veut engager des réformes profondes. Mais que l’on ne s’y trompe pas : l’objectif est bien de mettre en œuvre le programme du candidat Emmanuel Macron, qui au prétexte de réduire la dépense publique, prévoyait de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022 (70 000 dans la Territoriale, 50 000 dans la Fonction publique d’Etat).
Et dans le viseur : notre statut. Accusé d’archaïsme, il empêcherait la mobilité et l’efficacité des agents : c’est bien connu, le développement du précariat rend les agents plus performants et la sécurité de l’emploi casse la motivation au travail ! Pourtant, ce statut est avant tout pour le citoyen la garantie d’un service public impartial car les agents sont au service de toute la population et non de tel ou tel intérêt particulier ou sous la coupe des pouvoirs hiérarchiques.
Education
- Parcoursup, réforme du lycée et du bac : là encore, les réformes font système. En accentuant l’orientation précoce des lycéens, elles renforcent les déterminismes sociaux et le tri social, renvoyant à chaque lycéen la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Elles préparent aussi une transformation profonde du lycée et du métier enseignant : vaste refonte des programmes, restructuration des voies générale et technologique, offre de formation réduite, avec son corolaire : la pérennité des postes renvoyée aux politiques locales des établissements et le risque de mesures de cartes scolaires (a minima, 7000 postes seront supprimés au niveau national). Le tout dans le contexte d’une nouvelle augmentation des effectifs par classe. C’est moins de lycée pour plus d’économies, sur le dos des élèves comme des personnels.
- En collège, la pénurie continue, avec des effectifs en hausse, des DHG en baisse, une surcharge de travail constante et des pressions sur nos pratiques pédagogiques et nos modalités d’évaluation.
- Les collèges de l’Education prioritaire se mobilisent contre la baisse de moyens (perte d’une heure de marge par division, une demi-heure ayant été perdue en 2010 et l’autre étant programmée à la rentrée prochaine, et suppression de postes surnuméraires dans certains établissements).
- Concernant l’orientation des élèves, les DRONISEP et CIO sont menacés de passer sous la tutelle des régions : l’objectif est de donner la primauté aux métiers en tension, selon les besoins des bassins d’emploi. Cela revient à brider l’ambition des jeunes et oublier qu’ils peuvent être ouverts sur le monde. Dans notre académie, 3 CIO doivent être fermés dans le Haut-Rhin : Thann, Mulhouse (fusion Bollwerck et cité) et Saint-Louis : le SNES FSU défend un service public d’orientation accessible à tous, sur tout le territoire, en lien avec les PsyEN de terrain.
Alors, quelle riposte face à ces attaques tous azimuts ?
Partout, le mécontentement augmente : chez les étudiants, dans les EHPAD, chez le personnel pénitentiaire, chez Carrefour, Air France, les gaziers, les électriciens, les cheminots. Nous devons nous saisir de ces mobilisations pour amplifier la lutte, car si le gouvernement prône un calendrier accéléré, c’est bien parce qu’il craint l’explosion sociale. Le SNES et la FSU appellent à s’associer aux mobilisations actuelles, particulièrement à soutenir la longue grève des cheminots. Une première journée de mobilisation est fixée le 19 avril, en lien avec l’interpro, pour riposter contre les réformes régressives de l’Education, mais aussi tous les reculs sociaux programmés par le gouvernement.