Parents d’élèves et personnel éducatif ont manifesté ce mardi matin devant l’établissement de Koenigshoffen pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et l’insuffisance de l’offre scolaire dans ce quartier en plein essor démographique.
À la sortie des épreuves du brevet devant le collège Jacques-Twinger ce mardi, l’ambiance est à la joie et au relâchement parmi les élèves. Une légèreté qui tranche avec le sérieux de leurs enseignants qui, réunis devant le portail de l’établissement, ont encore un combat à mener. Munis de pancartes et banderoles, ils sont une trentaine de membres du personnel éducatif et de parents d’élèves à se trouver sur le pied de guerre. Ils ont déjà la rentrée prochaine en ligne de mire, et une résolution : ne pas revivre une année similaire à celle qui se termine. Leur mobilisation, commencée il y a plusieurs mois, a pris forme avec le déploiement du nouveau système numérique de messagerie et de gestion des absences, « Mon bureau numérique » (MBN), mis en place dans tous les établissements de la Région en septembre 2018. Ses nombreux dysfonctionnements ont contraint le collège à affecter deux assistants éducatifs au suivi des absences, au détriment de leurs autres missions. « C’est un problème qui touche tous les établissements de la Région, explique Patrick Muller, représentant des parents d’élèves. Mais nos spécificités, notamment la tendance à un fort absentéisme chez les élèves et nos importants effectifs, ont rendu tout cela particulièrement chaotique. » Faute d’alternative, l’établissement a décidé de puiser dans ses fonds propres et de se doter d’un système numérique privé à partir de la rentrée prochaine. Coût de l’opération : 2 100 euros.
De fait, les déboires liés à ce nouveau logiciel ont agi comme un révélateur des difficultés croissantes auxquelles doit faire face l’établissement ces dernières années. Avec 670 élèves, l’établissement Jacques-Twinger est le collège classé REP (Réseau d’éducation prioritaire) le plus important du Bas-Rhin, alors que ses locaux sont dimensionnés pour n’en accueillir que 600. Ce problème démographique entraîne une dégradation des conditions d’apprentissage et du climat général de l’établissement : « Nous sommes rentrés dans une spirale infernale, déplore Noushine Geiger, conseillère principale d’éducation (CPE). Au vu du nombre grandissant d’élèves, il y a de plus en plus d’incivilités. Par manque de temps pour les prévenir, nous traitons en priorité les problèmes les plus graves et avons tendance à laisser passer les petites incivilités. Ce qui conduit à une aggravation des conditions. » Bagarres et harcèlements en tous genres sont monnaie courante entre les élèves. « Les établissements plus petits tournent mieux : le collège Érasme, qui est un peu plus loin, n’a pas tant de problèmes. Alors qu’il accueille le même type de public que nous. » Les difficultés rencontrées par le collège Twinger tiennent pour beaucoup à l’insuffisance de l’offre scolaire à Koenigshoffen. La situation du quartier, qui brasse beaucoup de nouveaux arrivants, et les nombreux lots d’habitats en construction, notamment dans le Parc des Forges et aux Poteries, génèrent une forte pression démographique. « Il manque encore un collège pour les quartiers Ouest de Strasbourg, explique Pierre Ozenne, conseiller municipal. Depuis 1995, la Ville réserve le terrain en face de l’école Marcelle-Cahn. Mais le Département n’a jamais débloqué le budget pour le construire. » À la place, le collège d’Eckbolsheim doit être rénové pour permettre l’accueil de 150 élèves supplément aires d’ici 2024. Un aménagement perçu comme largement insuffisant par le personnel éducatif de Jacques-Twinger. Dans l’immédiat, il demande plus de moyens humains et des mesures de sécurité au sortir du collège, ainsi qu’une adaptation des locaux au nombre d’élèves. À l’issue d’une réunion, le Rectorat a accordé le maintien d’un poste d’assistant d’éducation et la création d’un autre, là où les revendications portaient plutôt sur la nomination d’un troisième CPE. Une mesure qui ne convainc pas, d’autant plus qu’elle arrive après l’annonce en juin d’une réduction de 80 % des heures dévolues à l’accompagnement éducatif en Alsace, dont le collège Twinger est gros consommateur. (article d’Eddie Rabeyrin, DNA, 3 juillet 2019)