10 mai 2019

Sections départementales

Lycée Kléber - Pour l’abrogation du lycée 4.0

Une trentaine d’enseignants du lycée Kléber manifestaient ce mardi, à la pause de midi, contre le passage de leur établissement au tout numérique. (article paru dans les DNA, mercredi 8 mai 2019)

Au lycée Kléber, 70 enseignants sur 180 ont signé une pétition contre le passage de l’établissement au tout numérique à la rentrée de 2019. Qui a été néanmoins adopté par le conseil d’administration de l’établissement, suivant ainsi le projet de la région Grand Est de faire passer au 4.0, selon l’expression consacrée, toutes les classes de seconde des 353 lycées de la région à la rentrée prochaine.
« Le passage au lycée tout numérique est une décision unilatérale de la Région, dans un emballement qui nous interpelle », explique Françoise Delaye, professeur d’histoire-géographie et représentante de Force Ouvrière dans l’établissement. « On a expérimenté, en 2017 et 2018, puis on a affirmé que les établissements auraient la liberté de choisir, puis on nous impose le calendrier de la rentrée prochaine ». Derrière ce projet, Françoise Delaye et quelques autres enseignants, mobilisés avec banderoles et slogans devant le lycée ce mardi midi, se demandent si on ne serait pas en train d’inventer de nouvelles manières de réduire les postes d’enseignement. Mais surtout : « On est en train de mettre nos ados six à huit heures de plus par jour devant des écrans... Est-ce bien raisonnable ? ».
Dans les lycées qui expérimentent déjà la tablette pour tous (111 à ce jour dans la grande région), il y a eu de sérieux problèmes de mise en route, notamment un accès impossible, durant plusieurs semaines, aux manuels numériques. Mais ce que les enseignants mobilisés redoutent avant tout, c’est une évaporation de l’attention des élèves. « On a interdit les portables dans nos règlements intérieurs d’établissements, explique un manifestant, et maintenant on propose à nos élèves d’être connectés en mode H 24. C’est absurde, inutile et coûteux ». Le choix politique de la Grande Région aura coûté 70 millions d’euros d’ici la rentrée 2022. « Tout cela, sans qu’un bilan sérieux soit tiré de l’expérience des sites pilotes », souligne Françoise Delaye. « Tout juste a-t-on consenti à nous informer qu’après les errements des premières semaines, la mesure a fait l’objet de remontées positives », regrette l’enseignante. « C’est un peu court, tout de même ». Autre question en suspens : « Les enseignants ne seront pas équipés et les formations nécessaires n’ont même pas été évoquées à ce jour ».