Madame la Rectrice de l’Académie de Strasbourg,
Les enseignants du lycée Albert Schweitzer de Mulhouse se sont mobilisés à plusieurs reprises pour dénoncer l’insuffisance des moyens, les effectifs surchargés et les réformes du bac et du lycée. Les craintes exprimées, notamment lors de la visite dans notre établissement le 29 mars 2019 de votre prédécesseur, madame Béjean, puis le 4 avril 2019 par un rassemblement, se sont hélas concrétisées.
Aux suppressions de postes et dégradations des conditions de travail, s’ajoute la menace qui pèse sur certains enseignements à plus ou moins court terme. Figurent en tête de liste des enseignements en péril : les enseignements artistiques et particulièrement la musique, le latin et les langues dites « rares » quoique parlées par plusieurs dizaines de millions, voire plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde.
Nous avions dénoncé cela le 29 mars 2019 devant madame Béjean, qui nous avait au contraire vanté les mérites d’une réforme qui mettait en valeur les enseignements artistiques et les langues, reprenant ainsi les éléments de langage du ministère, sans répondre aux arguments de fond. C’est d’ailleurs, pour la richesse de ses enseignements, que le lycée Albert Schweitzer, avait été alors choisi. Mais il était clair que les options (latin, musique, turc, italien…) et certaines spécialités (allemand, espagnol, musique, danse…) auraient bien du mal à survivre et que cette richesse ne serait bientôt plus que du passé.
Cette situation est la conséquence inévitable des réformes du bac et du lycée. En effet, ces enseignements, à faibles effectifs, se trouvent en concurrence avec d’autres enseignements aux effectifs très lourds – les groupes à 35 sont la norme. Une note de l’Inspection Générale en février dernier alertait, d’ailleurs, sur la question du financement des options et/ou des groupes à très faibles effectifs : « le montant de la DHG et le financement des options en classe de terminale seront un point très sensible de la rentrée 2020. »
En conséquence, le conseil d’administration du lycée Albert Schweitzer de Mulhouse a rejeté la DHG (Dotation Horaire Générale) pour la troisième année consécutive. Nous vous demandons pour la rentrée le financement des options et groupes à petits effectifs qui sont un élément de richesse inestimable. Mais ce ne sont pas nos seules revendications.
En effet, le comité de suivi de la réforme du lycée envisageait, avant le confinement, des modifications des réformes du bac et du lycée, encore plus pressantes depuis le confinement. En priorité, nous demandons l’abandon des E3C et le rétablissement d’épreuves finales du baccalauréat (voir lettre du 11 février 2020). A cela plusieurs arguments : le premier tient à l’impossibilité, en première, d’organiser des E3C en février ou mars 2021 car les élèves, encore plus qu’en 2020, ne seront pas prêts ; le deuxième concerne le caractère national du baccalauréat que ces épreuves remettent en cause. La mise en place cette année d’un contrôle continu, lié aux circonstances, a fait la démonstration du caractère insatisfaisant de ce mode d’évaluation inégalitaire et local.
Autre revendication, lié à la pandémie, nous réclamons une annonce rapide d’aménagements des programmes pour la rentrée 2020. Le SNES a travaillé sur ces questions et fait des propositions : https://www.snes.edu/IMG/pdf/snes-propositions_ame_nagements_programmes.pdf, il est donc possible d’anticiper et de ne pas nous placer dans des situations impossibles, contradictoires et déstabilisantes pour les enseignants et les élèves.
Veuillez, Madame la Rectrice, recevoir l’expression de notre dévouement au service public de l’éducation nationale.
Les représentants du SNES-FSU au conseil d’administration au lycée Albert Schweitzer