Le 2e tour des élections législatives a été marqué par une abstention une nouvelle fois très élevée. L’assemblée nationale qui en est issue accueillera 89 députés du rassemblement national, un résultat jamais atteint par l’extrême-droite sous la Ve République et qui doit alerter l’ensemble des citoyens attachés aux valeurs républicaines. Par ailleurs, alors que le président de la République ne dispose plus que d’une majorité relative, la question est désormais posée de l’application de son programme, après qu’il a été désavoué.

Car si le changement de ministre dans l’Éducation Nationale a été un soulagement pour de nombreux collègues, tant sa communication et son déni de la réalité de nos vécus étaient insupportables, ce que nous attendons maintenant c’est un vrai changement de politique. Or le projet d’école du futur, présenté par E. Macron lors de sa visite à Marseille, n’est rien d’autre que la poursuite du démantèlement de l’école publique à base de recrutement local des enseignants, d’autonomie des établissements et de contractualisation des moyens. Ce n’est pas cette organisation qui redonnera du temps aux directeurs/directrices et les déchargera un tant soit peu... ce qu’il leur faut, ce sont des moyens humains pour les aider pas de la poudre de perlimpinpin... La FSU est opposée totalement à cette vision de l’école et de la société.

Un tour d’horizon de la situation de l’école et de ses personnels donne une idée de l’ampleur de la tâche à venir pour recréer des conditions d’apprentissage et de travail correctes.

Comme l’hôpital avant lui, le service public d’éducation est confronté à une crise de recrutement d’une ampleur inédite. A tel point que certaines académies, dont celle de Strasbourg, organisent des job dating pour recruter en urgence des personnels contractuels et non titulaires et afficher à la rentrée qu’il y aura bien un enseignant devant chaque élève. Cette opération est un pas de plus vers la précarisation des métiers d’enseignants, de PSY-EN, d’AESH... Elle met à mal la professionnalité exigée par l’exercice de nos missions. Elle ne s’attaque surtout pas aux causes de cette désaffection pour le service public, qu’il s’agisse du déclassement de nos métiers, de l’insuffisante rémunération, de la dégradation continue des conditions de travail du fait des réformes, des suppressions de postes, de l’alourdissement des tâches, de certaines formes de management autoritaires et méprisantes. La FSU réaffirme son attachement au concours comme voie d’accès la Fonction Publique, à la formation initiale et continue des personnels. Enseigner, orienter, accompagner des élèves en situation de handicap... sont des métiers qui s’apprennent. Par ailleurs, nous nous inquiétons des conséquences de cette forme de recrutement sur l’affectation des personnels titulaires, en particulier des TZR qui pour certains, attendent depuis plusieurs années un poste fixe et espèrent a minima pouvoir rester dans des établissements où ils ont construit des relations avec les collègues, les élèves, initié des projets....

Jeudi dernier, les personnels du rectorat était en grève pour dénoncer les souffrances que les réformes, la crise sanitaire et le manque de moyens ont engendré. Soucieux de l’intérêt des usagers, c’est au prix d’un épuisement professionnel qu’ils essayent de remplir leurs missions. La FSU soutient leurs revendications de créations de postes, d’un plan de titularisation pour sortir les agents de la précarité, d’une réorganisation du travail qui évite les risques psycho-sociaux et comme pour tous les agents de la fonction publique d’une réelle revalorisation salariale.

Car les difficultés que rencontrent les services se répercutent sur les personnels des établissements. Nous ne prendrons que deux exemples. D’une part, les agents non titulaires, confrontés à des problèmes administratifs, des retards dans la prise en compte de leur ancienneté pour l’accès au CDI ou une revalorisation indiciaire et qui ne trouvent pas toujours d’interlocuteur pour leur répondre. D’autre part, les collègues convoqués pour les examens qui reçoivent des convocations tardives et qui sont parfois sursollicités, que l’on pense à nos collègues de lettres ou ceux qui enseignent en BTS. Nous vous avions pourtant alerté, M. Le Recteur, sur ces problèmes que nous avions déjà constatés l’an dernier.

A propos des examens, l’harmonisation en masse de notes de spécialités, rendue possible par Santorin, justifiée en partie par la nécessité de compenser les inégalités créées par la réforme du bac Blanquer avec ses deux sujets a causé une vive émotion chez nos collègues. En modifiant ainsi les notes d’un examen, sans information des correcteurs, sans réunion d’un jury, c’est l’acte de correction qui est profondément dénaturé, l’expertise de nos collègues niée, la valeur de leur travail dégradée. Nous nous interrogeons également sur la volonté, par cette opération, d’afficher des résultats conformes aux intentions politiques, . Faut-il ici rappeler que cette réforme a été imposée à la profession et qu’aucune mesure d’urgence n’a été prise pour faire face aux conséquences de l’épidémie de Covid sur la scolarité et les apprentissages des élèves. Pour la FSU, l’harmonisation est un exercice légitime mais qui se construit respectueusement entre pairs en prenant en compte l’avis des collègues qui sont ceux qui connaissent le mieux les copies corrigées, comme cela était le cas ces dernières années. De la même manière, les règles changent au fil du temps et au fil des académies concernant le grand oral, ici on peut utiliser le tableau, là bas on peut avoir un document dans la main ... Qu’en est-il de l’égalité de traitement des candidats ? La FSU rappelle son attachement au baccalauréat comme diplôme national, terminal anonyme. Pour lui redonner sa valeur et rétablir la confiance en ce diplôme, il est indispensable de remettre à plat la réforme du bac et conforter les correcteurs dans leurs missions.