Ce classement des établissements du second cycle est établi à partir des mêmes paramètres que ceux des collèges. Les profils entre d’un côté les lycées généraux (LEGT) et technologiques (LPO) et de l’autre les sections les sections professionnelles (dans les LPO et les LP) sont très différents et résultent avant tout des politiques d’orientation après la la 3e.
Les lycées généraux et technologiques : un profil plus équilibré ?
Si à l’intérieur des lycées privés sous contrat le poids des établissements « favorisés » est à peu près le même (81,3 % contre 83,3%), celui des lycées publics est sensiblement plus élevé puisqu’on y recense 19 établissements sur 47 (soit 40,4 % de l’ensemble des lycées publics). Dans le peloton de tête on retrouve les mêmes établissements (Gymnase Sturm, Aquiba, Zillisheim, St-Etienne, Landser). Par contre, 4 lycées publics (Freppel/Obernai, Fustel et Pontonniers/Strasbourg et Bartholdi/Colmar) se sont glissés dans le 10 premiers du peloton de tête. Pour le reste de la catégorie des « favorisés », on trouve 7 autres lycées privés mais également 15 autres lycées publics situés pour la plupart dans les petites villes cossues du piémont viticole (Obernai, Barr, Ribeauvillé, Guebwiller et Thann) ainsi que des établissements de la plaine (Sélestat, Erstein) et des collines du Kochersberg (Bouxwiller) ou du Sundgau (Altkirch). A noter également la bonne place des établissements de la 1re couronne strasbourgeoise (Le Corbusier/Illkirch) ou de l’une ou l’autre vallée vosgienne (Kirschleger/Munster).
L’essentiel des lycées se trouve cependant dans la catégorie des « moyens » et plus particulièrement dans le centre de gravité des établissements avec des IPS entre 114 et 103. On y dénombre pas moins de 21 lycées sur 29. L’autre élément remarquable dans cette catégorie des « moyens » est la présence de 5 lycées publics mulhousiens (Schweitzer, Montaigne, Lambert, Lavoisier et L.Armand) nettement mieux classés que leur collèges de recrutement.
Reste le cas de deux lycées publics positionnés loin derrière dans la catégorie des lycées « défavorisés ». La zone de recrutement du lycée Imbert de Sarre-Union (IPS de 83,2) se situe dans la partie occidentale de l’Alsace bossue entre le Parc naturel régional des Vosges du Nord à l’est et la limite départementale avec la Moselle à l’ouest. Cet espace se caractérise par un plus grande pauvreté (selon les critères alsaciens). Dans la trentaine de communes de recrutement du lycée, on compte pas moins de 10 communes dont le montant moyen de l’impôt sur le revenu est compris entre 1000 et 2000 euros et 16 autres communes avec un impôt sur le revenu par ménage compris entre 2000 et 3000 euros. Seules 5 communes dépassent (légèrement) les 3000 euros dont notamment les petites villes de Sarre-Union (3242 euros) et Ingwiller (3465 euros).
On peut s’interroger sur le cas du lycée Cassin/Strasbourg qui, pourtant situé dans un quartier très huppé de l’est strasbourgeois, affiche un IPS très bas. Parmi les 8 lycées strasbourgeois proposant la filière STMG, il est le seul qui n’affiche que cette filière.
Ce dualisme entre des publics issus de catégories socio-professionnelles plutôt défavorisées dans un environnement urbain plutôt favorisé se retrouve également dans le profil des sections professionnelles.
Les lycées professionnels : une majorité de « défavorisés »
Le profil des sections professionnelles (LPO et LP) est l’image presque inverse de celui des lycées généraux et technologiques, tant il est marqué par la présence massive du label « défavorisé ». Il est vrai que ces sections accueillent à l’issue des étapes du processus d’orientation (après la 4e et surtout après la 3e) des publics moins enclins à suivre une voie menant normalement vers des études « longues ». Les publics des sections professionnelles sont pour la plupart issus de milieux sociaux défavorisés. Aucune section professionnelle se situe dans la catégorie des « favorisés » (IPS supérieur à 115).
La catégorie des « moyens » ne contient qu’une minorité d’établissements. On y dénombre à peine 12 établissements sur 35 (soit 34,3 % de l’ensemble des sections professionnelles). Les mieux classés sont à nouveau les établissements privés proposant des sections professionnelles comme Ste-Philomène/Haguenau, Ste-Clotilde/Strasbourg, Sonnenberg/Carspach, Don Bosco/Wittenheim et St-Jean/Colmar. Les lycées publics de la catégorie des « moyens »sont pour la plupart les sections professionnelles des LPO (L.Armand et Lavoisier/Mulhouse, Deck/Guebwille, Schongauer/Colmarr et Marchal/Molsheim). Les seuls lycées professionnels sont P.E.Victor/Obernai et le LP C de Gaulle/Pulversheim qui va malheureusement être fermé après la décision scandaleuse de sa fermeture à la rentrée de septembre 2023.
Les deux tiers (soit 24 établissements) des sections professionnelles se trouvent dans la catégorie des « défavorisés ». Les deux seuls lycées professionnels privés (St-Joseph de Cluny/Mulhouse et Don Bosco/Wittenheim) se trouvent plutôt à la limite supérieure de la catégorie des « défavorisés ».
L’actuelle réforme en cours des sections professionnelles tendant à « professionnaliser » ces sections en diminuant la part des enseignements généraux pourtant indispensables, est unanimement rejetée par la profession. Elle est aux antipodes d’une vraie politique de diffusion des savoirs et ne fait que renforcer davantage la logique de ségrégation sociospatiale.