Enseignants, parents d’élèves et quelques élus locaux ont manifesté pour plus de moyens et contre le projet de réforme de l’enseigne-ment secondaire devant le lycée Marc Bloch jeudi après-midi. (article publié dans les DNA du 17 mai 2019)

Ils étaient une quarantaine hier devant le lycée Marc Bloch à répondre à l’appel de l’intersyndicale des enseignants du lycée et de deux associations de parents d’élèves (FCPE et APEPA). Pas de grève, mais une opération « lycée mort » pour marquer l’opposition à la réforme menée par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et de demander plus de moyens pour l’enseignement.
« Le principe de cette opération est de dire aux familles de ne pas envoyer leurs enfants en classe pour dénoncer la perte de moyens de l’établissement et les effets néfastes de la réforme du lycée et du bac. C’est faire passer le message d’un service public qui n’a plus les moyens de fonctionner correctement », explique Julien Ratcliffe, représentant de l’intersyndicale et professeur de sciences économiques et sociales.
Les manifestants, soutenus par quelques élus, s’inquiètent notamment d’une orientation « qui devient illisible et précoce » pour les élèves. « On leur demande de faire des choix de spécialités dès la seconde de manière plus complexe qu’auparavant », poursuit le représentant de l’intersyndicale. « Les élèves de seconde sont dans le brouillard. Ils doivent choisir trois spécialités, mais sans vraiment de guide de l’enseignement supérieur pour savoir quoi choisir s’ils veulent faire telles ou telles études », indique Stéphane, père d’une élève de seconde. Autre crainte : une concurrence accrue entre les lycées. « On a peur que la scolarité d’un élève ait une valeur qui dépende de l’établissement dans lequel il était. Les lycées ne pourront pas proposer toutes les spécialités », souligne Julien Radcliffe.
Parmi les autres critiques, la perte de moyens a beaucoup été mise en avant. « C’est essentiellement une réforme comptable. Elle se traduit par une perte assez importante de la dotation pour l’établissement. Cela équivaut à deux postes enseignants. Cela veut dire que des dispositifs, comme les heures en de-mi-classe, les effectifs réduits, ou des options vont être supprimés », regrette Julien Radcliffe. Au lycée Marc Bloch, qui compte 1 250 élèves et une centaine d’enseignants, cela signifie par exemple la fin de l’option arts plastiques. « Pour les secondes, ce sera dès la rentrée prochaine. Puis, les premières l’année d’après, etc. Il est aussi très probable que les enseignements de spécialités se fassent à 35 élèves par classe tout le temps, ce qui ne favorise pas la réussite des élèves », explique le professeur de SES. Il y a besoin de réforme, mais pas dans le sens d’une économie des moyens. On a déjà perdu des heures en 2015 et avec la réforme du bac et les épreuves qu’on aura à organiser, on aura encore moins de temps », déplore ajoute Françoise Prucher, professeur d’anglais. Les manifestants demandent l’abrogation de la réforme « pour aller vers des réformes qui favorisent la réussite de tous », et la lutte contre les inégalités scolaires avec un meilleur accompagnement fait partie de leurs revendications. Ils prévoient de rencontrer le député Bruno Studer et espèrent être reçus par le rectorat.