Enseignants engagés et responsables du Lycée Marguerite Yourcenar d’Erstein, nous avons décidé de ne pas assurer aujourd’hui les surveillances des épreuves de philosophie et de lettres du baccalauréat. Cette décision a été difficile à prendre pour nous, toujours soucieux de la réussite de nos élèves.
Nous y avons été contraints par la surdité de M. le Ministre Blanquer, méprisant les professionnels opposés à ses projets.

Avec cette réforme du Lycée et de l’orientation, l’épanouissement et l’émancipation de l’élève ne sont plus au centre des objectifs :

  • une orientation qui commence dès quinze ans !
  • des choix plus limités qu’annoncé, selon l’offre de formation des lycées, la constitution des groupes à 35 et les contraintes d’emploi du temps ;
  • l’absence des mathématiques dans le tronc commun, mais le supérieur sélectionne les candidats en fonction de cette spécialité (90 % des classes préparatoires l’exigent, y compris les littéraires) ;
  • l’introduction du contrôle continu qui place l’élève en situation d’examen dès la première et pendant deux ans (langues vivantes dès février, spécialité mars-avril, bac français en juin, etc.) ;
  • un grand oral dont on ne sait toujours rien.

Cette réforme cache une volonté de réaliser des économies drastiques :

  • 10 % de postes gelés ou supprimés au lycée d’Erstein ;
  • la possibilité de remplacer les professeurs par des surveillants ou des étudiants sans garantie de formation ;
  • l’abandon, à l’entrée en terminale, d’une spécialité choisie « par goût » en première ;
  • le retrait des maths du tronc commun en raison d’un manque d’attractivité du métier.

Le projet de loi pour « l’école de la confiance » qui limite la liberté d’expression des enseignants au nom d’un devoir « d’engagement et d’exemplarité », représente des menaces graves pour l’enseignement public.
Se priver d’assister, rassurer et surveiller nos élèves le jour « J » est donc un acte hautement symbolique. Nous sommes tiraillés entre notre souci de remplir notre mission aujourd’hui et la nécessaire préservation des conditions de sa réussite pour l’avenir. Nous tenons donc par ce communiqué à rappeler à nos élèves d’abord, à leurs parents ensuite, à l’ensemble de nos concitoyens enfin, que c’est notre conscience professionnelle, notre sens des responsabilités qui nous ont conduits à cette action sans précédent.

Les enseignants mobilisés du Lycée Yourcenar d’Erstein