4 avril 2019

Sections départementales

Visite de Madame la Rectrice au lycée Schweitzer : Discours officiel contre revendications

Entretien tendu, vendredi dernier, entre la délégation SNES et Madame la Rectrice à l’occasion de sa venue au lycée Albert Schweitzer de Mulhouse.

Les réformes du Bac et du lycée

Celles-ci ont fait, selon elle, l’objet d’une longue concertation d’un an. Lui répondre que c’est faux est considéré comme un manque de respect et l’expression d’un point de vue, car « les enseignants ont été consultés, notamment pour les programmes ». Chacun pourra en juger. Pour rappel : le conseil supérieur de l’éducation a donné un avis défavorable sur la réforme, ainsi que sur les programmes.
Madame la Rectrice a repris tous les "éléments de langage" du ministre pour justifier la réforme : les élèves auront plus de choix et elle nous donne l’exemple de LCE. Comment peut-il y avoir plus de choix, quand des disciplines sont en voie de disparition comme l’italien ou l’espagnol dans l’académie et alors que les choix de spécialités sont contraints par les moyens des établissements ?
La question de l’orientation précoce des élèves et de l’abandon d’une spécialité en terminale ne pose pas plus problème à ses yeux, car les formations du supérieur s’ouvriront à de nouveaux profils. Et elle nous donne l’exemple des études de médecine qui s’ouvriront aux élèves qui auront choisi, par exemple, les spécialités mathématiques et humanités…
Donc, pour Madame la Rectrice, tout va bien…

Lycée 4.0

Madame la Rectrice avait avec elle les deux articles critiques, parus vendredi matin dans L’Alsace. Ils n’ont pas aidé à la sérénité des échanges. L’imposition, à marche forcée et sans bilan, du lycée numérique ne remet pas en cause, selon elle, la liberté pédagogique des enseignants, puisque le contenu est le même... Sur les questions sanitaires, aucune étude ne prouverait la nocivité des ondes. Exit le principe de précaution et l’avis des professionnels que sont les enseignants.
Donc, pour Madame la Rectrice, il est normal que le politique dicte ses conditions à l’Education Nationale, comme il est normal de poursuivre une expérimentation qui ne marche pas et de ne prendre aucune précaution pour la santé des élèves et des enseignants.

Situation des contractuels
Nous avons évoqué la question des remplacements compliqués dans plusieurs disciplines (SES, allemand et éco-gestion) et des problèmes de rémunération de nos collègues en début d’année.

Agnès Miègeville, membre de la délégation SNES au lycée Schweitzer
Une soixantaine d’enseignants ont dénoncé une réforme qu’ils jugent mise en œuvre « à marche forcée », hier, devant le lycée Albert-Schweitzer de Mulhouse.
De mémoire d’enseignant au lycée Albert-Schweitzer à Mulhouse, on n’avait pas vu une telle mobilisation du corps professoral depuis longtemps. Hier matin, une semaine après la visite dans l’établissement de la rectrice Sophie Béjean venue dire tout le bien qu’elle pense de la réforme portée par Jean-Michel Blanquer, le corps enseignant s’est mobilisé pour dire tout le mal qu’il pense du même projet. Une soixantaine de personnes, vêtues de noir et portant des pancartes, s’est retrouvée devant l’établissement, à 11 h, autour d’un mannequin rhabillé pour l’occasion. Il était couvert de slogans tels que : « Oui à une réforme ambitieuse », « Oui aux créations de postes dans l’éducation » ou « Oui à la liberté d’expression des enseignants ». « Nous souhaitons montrer notre désaccord à propos de ce qui est en train de se faire dans l’Éducation nationale. Nous sommes là pour démentir le discours du ministre et du rectorat qui nous disent que tout se passera pour le mieux à la rentrée prochaine », indique Agnès Miegeville, enseignante en histoire-géographie. Et d’ajouter : « Cette réforme à marche forcée qui ne permettra pas d’amener les élèves vers la réussite. Au contraire, nous sommes convaincus que la réforme Blanquer ne va faire qu’augmenter les inégalités. Quant à notre ministre, nous avons le sentiment qu’il nous traite avec un grand mépris au lieu de nous écouter. » Craintes de voir se multiplier les classes surchargées, de voir de nombreuses options disparaissent, sentiment d’une « non-préparation totale » ... Les sujets qui fâchent sont nombreux.
Des enseignants d’autres établissements ont rejoint leurs collègues du Schweitzer, hier matin. « Au lycée Lambert, nous craignons que le poste d’arts plastiques soit purement et simplement supprimé. Comme l’italien qui va sûrement disparaître. » Des enseignants du Bartholdi, à Colmar, craignent pour leur part que le japonais et l’espagnol fassent les frais de la réforme, compte tenu de la mise en place du système des options. « Les élèves nous disent qu’ils sont angoissés par le choix des spécialités. Pour eux, comme pour les parents et les professeurs, cette situation est vraiment anxiogène. Nous voyons la catastrophe arriver », note une enseignante en mathématiques. Une collègue de sciences économiques et sociales ajoute : « Nous ne sommes pas opposés par principe à une réforme. Nous pensons même qu’elle est nécessaire. Mais elle doit être ambitieuse et ne pas s’inscrire dans une logique concurrentielle entre les établissements, les matières et les enseignants. » (Édouard Cousin, DNA, 6 avril 2019)

3 photos des installations produites par les collègues à l’occasion de la visite de Madame la Rectrice : des panneaux dénonçant les réformes et une allégorie de l’Education portant nos revendications.