29 mars 2019

Sections départementales

Nous avons lu pour vous ! Revue de presse - mars 2019

« FREPPEL, 90% DE GREVISTE » DNA

Les DNA du vendredi 1er mars mettent à l’honneur le lycée Freppel et ses 90% de grévistes. La journaliste Léonie DELOY rappelle que les professeurs de ce lycée « sont montés au créneau pour dénoncer, outre la réforme du lycée, la baisse drastique des volumes d’heures de cours attribués à l’établissement. » Une photographie accompagne l’article qui montre les enseignants tous vêtus de rouge « pour montrer leur colère mais aussi leur solidarité. » La baisse de la DHG dans cet établissement est effectivement de 101 heures. Trois postes seront aussi supprimés. A l’avenir, l’option théâtre est menacée ainsi que les heures pour l’orientation des élèves de Seconde ou encore les classes européennes. Les enseignants craignent la fin des dédoublements.
En fin d’article, la journaliste rapporte qu’une délégation a été reçue par le maire qui a témoigné « de son soutien et de son total respect » pour la mobilisation des enseignants. Il a proposé d’alerter le rectorat, le ministère et les députés par courrier.

« UNE GREVE PARTICULIEREMENT SUIVIE » Le Monde du 19 Mars

Violaine Morin, journaliste spécialiste des questions éducatives au quotidien du soir, souligne d’emblée que le chiffre sonne un peu comme une surprise : 24% des professeurs des écoles étaient en en grève selon le ministère et 41% selon le SNUipp qui annonçait aussi parfois 70% de grévistes dans certains établissements (on a vu des écoles maternelles et primaires fermées ce jour-là dans notre Académie, c’est moi qui souligne). Dans le secondaire, le SNES-FSU relève quant à lui 16% de grévistes. La journaliste s’étonnant toujours de ce résultat, rappelle ensuite que ce n’était pas une grève de l’EN mais interprofessionnelle. « Le vote pour l’école de la confiance a ébranlé les professeurs des écoles » relève le syndicat majoritaire. Les enseignants voient d’un très mauvais œil se profiler le regroupement des écoles et des collèges dans « des établissements publics des savoirs fondamentaux ». Et Francette Popineau d’insister : « Les enseignants se sont sentis dépossédés de cette loi. Ils ont bien vu que leurs représentants n’avaient pas eu leur mot à dire. »
La journaliste fait ensuite l’analyse des « intimidations » dont sont victimes les enseignants : les rappels à l’ordre ont cristallisé la colère en particulier « la lettre des DRH qui qualifiait le refus de certains enseignants de faire passer les évaluations obligatoires en CP de faute professionnelle et de même le 20/20 ou le refus de remplir les bulletins » pour les enseignants du secondaire. »
La journaliste a ensuite interviewé Claire Guéville responsable du secteur lycée au Snes qui raconte que « le ministère devant ces mouvements, pourtant minoritaires, a montré qu’aucun dialogue n’est possible. » La profession reste très attachée, rappelle le chercheur Laurent Frajerman, à la grève par rapport aux autres professions. En effet deux tiers des enseignants ont déjà fait grève dans leur carrière (contre seulement 1/3 pour les autres professions). Le chercheur rappelle ensuite que ces « ces petites actions peuvent être considérées comme préparatoires, dans une profession où l’étape d’après reste la manifestation ».
La prochaine est prévue le 30 mars à l’appel de tous les syndicats enseignants.

« POUR UNE MOBILISATION PERENNE » La Gazette le 4 mars 2018

Selon Michèle Foin, dans La Gazette du 9 mars, « les cités éducatives [sont] dans les starting-blocks ». L’appel à projets dans les quartiers « Politique De la Ville » est très attendu, selon elle. Elle rappelle l’historique de ces mesures, le plan Borloo réinventé au printemps 2018. De là sont nées les cités éducatives de la loi Blanquer. Rien de nouveau cependant : « trois champs clés sont déjà identifiés : conforter le rôle de l’Ecole grâce au soutien scolaire, assurer la continuité éducative dans le temps périscolaire et rassembler tous les acteurs d’un même territoire. »
La journaliste s’interroge cependant : « Qu’attendre dans ce cas de la labellisation Cité éducative ? » Régis Giunta, chef du service périscolaire et éducatif à la Ville de Strasbourg y répond : « Cela fait 20 ans que l’on porte le même diagnostic. Il faut mobiliser l’intelligence collective pour résoudre les points durs quitte à remettre en cause le fonctionnement de sa propre institution au service des territoires. » Et la journaliste de conclure : « Ce qu’attendent les acteurs des quartiers populaires, c’est une méthode de travail sans tabou. »

« LA REPUBLIQUE EST NEE DANS LES ECOLES » Tribune du Monde du 11 mars de Sylvie Plane et de Sébastien Rome

L’excellente tribune de Sébastien Rome et de Sylvie Plane est à lire d’urgence sur le site du Monde. Elle va plus loin dans l’analyse de la loi Blanquer et de certains de ses articles : « Dans un pays où, plus que tout autre, les inégalités sociales pèsent sur la réussite des enfants, la politique éducative doit avoir pour principal objectif de lutter contre le fatalisme. A cet égard, la mobilisation de tous est donc nécessaire. »
Les deux auteurs réaffirment ensuite l’importance du dialogue entre les acteurs du monde éducatif. Mais selon eux, une mesure lourde de conséquence et peu connue du public s’est glissée dans le projet de la loi Blanquer car « elle rompt le lien entre l’école et la commune. » Et justement, aucun des acteurs du monde éducatif n’a été associé à une quelconque concertation. « Cette mesure s’inscrit en rupture avec la tradition républicaine qui a structuré nos territoires et nos communes en confiant à ces dernières la responsabilité des écoles. » Quel est donc cet amendement ? Il instaure une organisation verticale en supprimant la responsabilité des communes. Les écoles seront donc rattachées au département comme les collèges et dirigées par un chef d’établissement de secteur.
Derrière cette mesure, se cachent des économies intolérables, rappellent les deux contributeurs et l’affaiblissement de l’échelon local et surtout une déshumanisation de l’Ecole : « Ce texte nie l’essentiel du travail visible et pleinement humain du directeur d’école. » Pour les auteurs, cette loi détruit tout simplement le lien républicain qui unissait les maires, les communes et les écoles.
La tribune se termine par un appel puissant aux maires, aux sénateurs, aux parents d’élèves, aux citoyens pour refuser que disparaisse l’interlocuteur de leur « quotidien éducatif » car « la république est née dans les écoles et les maries. »

« LA POLITIQUE DU PUZZLE », Xavier Pons dans Le Monde de l’Education, 12 mars 2019.

On lira aussi avec grand intérêt la tribune d’un chercheur en sciences de l’éducation, Xavier Pons qui analyse avec une grande finesse la politique mise en place par le gouvernement pour le monde éducatif. Animée par une stratégie qu’il appelle « politique du puzzle », cela consiste à « ne pas présenter immédiatement le projet d’ensemble mais à ouvrir différents chantiers » qui, au final permettront de mettre en place une politique qui va profondément ébranler le système éducatif français.
« Quelles sont les pièces du puzzle ? » demande le chercheur. Evaluation des établissements, mises en concurrence des écoles par le marché, réforme territoriale, redécoupages des académies (article 17). « Le système aurait donc 4 étages : l’établissement autonome, une administration de proximité renforcée au niveau du département, des régions académiques et un Etat central stratège. » Le système serait renforcé par l’emploi d’enseignants contractuels et la réforme de la formation des enseignants en vue d’augmenter le vivier d’étudiants non reçus pour ensuite les employer comme contractuels à bas coût, dans un contexte de réduction de postes aux concours de recrutement.
« Une fois rassemblées, ces pièces donnent à voir un système scolaire dans lequel l’établissement deviendrait l’unité fondamentale. Un système dans lequel les administrations académiques seraient organisées en fonction des besoins de ces établissements. »
Selon le chercheur, cette stratégie est une stratégie à court terme qui permet d’éviter le débat. Il conclut par un appel urgent au débat : « Il reste cependant que le débat doit avoir lieu sur la pertinence d’un tel changement. La mise en concurrence des établissements ne risque-t-elle pas de produire les effets pervers observés à l’étranger (ségrégation, inégalités de réussite accrues, focalisation sur la réussite aux évaluations…) ? (…) La confiance ne se décrète pas dit-on, pourquoi l’école de la confiance le devrait-elle ? »

Ludmilla Fermé
Pour le S2
SNES-FSU Strasbourg