16 février 2018

Sections départementales

Mobilisation pour le 2d degré - Article de l’Alsace

Mobilisation pour le 2d degré - Article de l'Alsace

Faiblement mobilisés mais déterminés

Ils étaient près de 300 enseignants et lycéens dans les rues de Strasbourg hier matin, mobilisés contre la réforme du lycée et du bac, entre 30 et 40 à peine dans l’après-midi à Mulhouse. De quoi décevoir, mais pas démobiliser les militants du Snes-FSU résolus à dénoncer la « marche forcée » menée par le gouvernement dans l’Éducation nationale.

Ils étaient entre 30 et 40 manifestants à peine, hier en fin d’après-midi, place de la Bourse à Mulhouse, à avoir répondu à l’appel du Snes-FSU contre la réforme du lycée et du bac. Une mobilisation faible et décevante, a admis sans détour Marie Simeoni, secrétaire départementale du syndicat dans le Haut-Rhin. « Il y a une désinformation des collègues qui ne sont pas au courant. Et du découragement, malgré des grèves majoritaires l’an dernier, tous les projets contestés sont passés… » , expliquait-elle.
Une école libérale
Plus encore, pour Marie-Odile Bequignon, professeure de lettres en collège, c’est le résultat d’une « méthode » , celle « du président Macron qui avance à marche forcée de façon à ce que personne n’ait le temps de réfléchir, de réagir, et qui fait constamment des annonces sans consulter les syndicats ». Parmi les présents réunis autour des rares drapeaux, venus de Mulhouse ou pour certains de Colmar et de Cernay, la détermination n’en était pas moins solide. Car, s’inquiète Agnès Miegeville, enseignante d’histoire-géographie, tout le projet du ministre Jean-Michel Blanquer « va dans le sens d’une sélection et d’un tri social ». « Il est focalisé sur l’orientation dans le supérieur. Les élèves devront calculer leur parcours à l’avance, en fonction de ce qu’ils feront plus tard, alors qu’avec la disparition des filières au lycée, la modularisation des enseignements, tout est plus complexe. Y arriveront ceux dont les parents ont les moyens de les aider… » « L’individualisation des parcours est une fragilisation » , renchérit Marie Simeoni. Par « un renversement des choses » , ce n’est plus l’obtention du bac qui donne accès à l’université, mais celle-ci qui « choisit les étudiants » à travers la plateforme Parcoursup, au regard d’attendus plus ou moins larges, regrette encore Agnès Miegeville. « Certains sont très précis et des lycéens n’auront pas anticipé toutes les demandes , craint Marie Simeoni. On met l’accent sur des certifications, par exemple l’activité de sapeur-pompier, et des compétences en oubliant les savoirs… Ce sont deux écoles différentes. »
« Comment donner une culture générale ? »
Pour Corinne Taverniers, qui enseigne les sciences physiques en lycée, il y a un paradoxe à « profiler les élèves » pour répondre à ces attendus, « alors qu’on sait déjà qu’ils auront plusieurs carrières ». « Comment feront ceux qui n’y répondent pas ? Comment leur donner la culture générale qui les aidera à s’adapter alors que, par exemple, les élèves littéraires n’auront plus forcément de cours de sciences ? » , s’interroge-t-elle, rappelant au passage « le mauvais niveau des écoliers en maths dans les enquêtes internationales ».
Le Snes-FSU s’oppose à une vision « à court-termiste » et à une réforme dont il dénonce l’esprit « libéral » , s’inquiétant d’une « mise en concurrence » entre universités, entre lycées, selon la possibilité qu’auront les élèves de moduler les disciplines « majeures » et « mineures », d’autant que le ministre « tient » à l’autonomie des établissements scolaires. « Il y aura des bacs maison et donc des inégalités, alors que, même s’il y a des difficultés, d’autres pays de l’OCDE reviennent à une organisation nationale des examens. » Des arguments qu’il va leur falloir encore déployer s’ils comptent davantage mobiliser.

Catherine Chenciner