A l’heure où la région Grand Est annonce la généralisation du manuel numérique à tous les lycées à la rentrée 2019, le SNES et la FSU publient le seul bilan connu à ce jour de ce qui a longtemps été présenté comme une expérimentation. Les représentant.es de la Région siégeant dans les CA affirment que des bilans existent, positifs il va sans dire, mais ils ne sont pas communiqués ; les autorités académiques avaient également promis le leur, allant jusqu’à certifier que l’« expérimentation » ne serait pas généralisée si elle ne montrait pas des résultats probants, mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Sous l’impulsion du SNES, la FSU a été à l’initiative d’une enquête du CHSCT 68 sur l’impact de l’introduction du manuel numérique sur les conditions de travail des personnels. L’analyse détaillée de l’enquête se trouve en pièce jointe ; en voici les principaux axes.
- L’introduction du manuel numérique a généré une forte augmentation de la charge de travail pour 82,6% des collègues.
- Seulement 21,8% portent une appréciation positive sur l’introduction du tout numérique sur leurs pratiques pédagogiques ; cette défiance montre le fossé entre la prescription institutionnelle et la réalité du travail des enseignants qui vivent mal les incursions dans leur liberté pédagogique. L’utilisation du manuel en ligne reste donc une pratique minoritaire et non exclusive ; on recourt encore énormément au support papier. 82,7% des collègues expriment un besoin impérieux de formation, car l’institution les a laissés démunis.
- Enfin, les collègues soulignent à une écrasante majorité les déficiences techniques liées au dispositif, avec toutes les conséquences qu’elles engendrent sur leurs conditions de travail (stress, « bricolage » face aux élèves, perte de temps, etc).
La conclusion de l’enquête est sans appel : cette expérimentation est synonyme pour les collègues d’une importante dégradation de leurs conditions de travail, à cause des défaillances techniques, du manque de formation et de préparation en amont, mais surtout de la déstabilisation pédagogique et professionnelle subie.
En toute logique, le CHSCT 68 a voté à l’unanimité la demande d’un moratoire immédiat de l’expérimentation du lycée 4.0 le jeudi 7 février.
Le CHSCTA alerte l’employeur sur les aspects négatifs de l’expérimentation du lycée 4.0 dans l’académie de Strasbourg :
– sous-dimensionnement des équipements nécessaires (wifi, matériel en possession des élèves, manuels numériques),
– caractère chronophage du « tout-numérique » pour les enseignants,
– faible effet pédagogique de l’expérimentation, voire effets contre-productifs,
– très faible adhésion des équipes pédagogiques et neutralité dubitative des personnels de direction à l’égard de l’expérimentation.
Par conséquent, le CHSCTA déconseille fortement la généralisation du « 4.0 » à tous les lycées de l’académie et souhaite qu’un bilan objectif de l’expérimentation, qui rendrait compte des expériences de tous les acteurs, soit effectué dans les plus brefs délais (avant la fin de l’année scolaire). Il souhaite que le psychologue du travail et la médecine de prévention soient associés à ce bilan qui sera présenté au CHSCTA.