Déclaration liminaire du SNES et de la FSU au CSA spécial départemental du Bas-Rhin du jeudi 02 février consacré à la préparation de rentrée dans les collèges
Le mouvement contre la réforme des retraites est fort et va se poursuivre. La FSU continuera à y prendre toute sa part. Elle y portera notamment ses revendications pour une retraite à 60 ans, une revalorisation pour tous les personnels de l’éducation nationale et la réduction des inégalités femmes-hommes.
Si la mobilisation est particulièrement importante dans l’éducation nationale, c’est que les motifs de colère sont multiples et convergent.
La dégradation continue des conditions de travail explique d’abord que peu d’enseignants se voient poursuivre jusqu’à 64 ans, voire 67 pour ne plus être pénalisés par la décote, encore moins 70 ans puisqu’au détour d’une diapositive du ministère de la fonction publique, nous apprenons que la possibilité nous sera désormais offerte de poursuivre notre carrière jusqu’à cet âge, sans condition. Une « liberté de choix » que vous nous permettrez de ne pas considérer comme un élément de « justice et de progrès ».
A cela s’ajoute la question des salaires. La « revalorisation socle » est bien éloignée des 10% promis par le candidat E. Macron. L’alternative serait donc entre un peu pour quelques-uns et presque rien pour tous. Sans compter que s’agissant de primes, elles ne compteront pas dans le calcul de la pension, qui en sera d’autant plus réduite. L’essentiel de la « revalorisation » serait alors inclus dans le cadre du Pacte et donc conditionné à de nouvelles missions. Comme celles que nécessiterait la mise en oeuvre de la nouvelle 6e avec, pour les professeurs des écoles, l’obligation de prendre en charge des groupes de consolidation en maths et français au collège.
Car c’est un autre motif de colère que cette réforme du collège qui se dessine au fil des annonces médiatiques du ministre de l’éducation nationale, s’appuyant sur la généralisation sans bilan d’expérimentations comme les 6e Tremplins et une décision aussi brutale que la suppression de la technologie.
Alors que ce CSA SD se réunit pour examiner la préparation de rentrée dans les collèges, le moins que l’on puisse dire est que le climat est loin d’être serein, qui plus est dans un contexte de nouvelle suppression d’emplois dans notre académie. Est-il vraiment sérieux de demander à des chefs d’établissement de faire remonter des TRMD non réglementaires puisque contraires à l’arrêté du 19 mai 2015 et aux horaires disciplinaires, toujours en vigueur ? Tout ça pour répondre au manque d’enseignants de technologie ou pour mettre en place un accompagnement des élèves à moyens constants. Après le lycée Blanquer, le collège version Ndiaye sera-t-il une nouvelle usine à gaz ? Car que dire de cette heure de consolidation / approfondissement organisée sous forme de sessions, qui pourra être en maths et/ou en français, avec des barrettes, l’intervention de professeurs des écoles dont nul ne sait combien ils seront (leur temps de travail hebdomadaire est déjà de 44h) ni qui prendrait les groupes en leur absence, aucun moyen n’étant prévu pour les dédoublements. Avec des groupes à géométrie variable, des alignements et des créneaux à prévoir en dehors des heures d’ouverture des écoles, les contraintes sur les emplois du temps seront nombreuses, plus encore si la suppression de la technologie occasionne des chaînages supplémentaires.
Quant aux heures de devoirs faits obligatoires, par qui seront-elles prises en charge, seront-elles inscrites dans l’emploi du temps des élèves, à raison de combien de créneaux par semaine, avec quels effectifs pour les groupes ? Et donc avec quels moyens ?
Comment préparer une rentrée dans une telle confusion, alors que les nouvelles orientations bouleversent l’organisation du collège ? C’est encore une fois mettre tous les personnels en difficulté, sans se préoccuper de l’intérêt des élèves. Le SNES et la FSU rappellent leur attachement à l’enseignement de la technologie dans le cadre d’une culture commune riche des apports disciplinaires et à la définition d’un cadre national seul à même de garantir l’égalité entre les établissements et les élèves.
Le SNES-FSU appelle les collègues à dénoncer ces orientations lors des conseils d’administration.
Concernant les dotations présentées ce jour, plusieurs remarques :
– la suppression du financement flêché des heures de FCA révèle une fois de plus le peu de considération portée au travail des enseignants qui depuis 2 ans se sont impliqués dans la construction de séquences pour mettre en place ce nouvel enseignement. Désormais renvoyé à la marge de l’établissement, son maintien dépendra de choix locaux ;
– la prise en compte des élèves d’ULIS dans l’ouverture de divisions supplémentaires est une revendication ancienne de la FSU. Mais pourquoi seulement dans les collèges de l’éducation prioritaire ?
– la dotation au titre de la typologie se fait sur des bases toujours très floues. Nous réitérons notre demande d’explications du mode de calcul de cette dotation. Par ailleurs, des moyens supplémentaires, à hauteur de 48h, avaient été attribués l’an dernier à des établissements perdants du fait de ce nouveau mode d’allocations des moyens. Qu’en est-il cette année ?
– Enfin, l’affichage d’un solde positif pour les heures postes dans notre département ne permet pas de desserrer l’étau sur les effectifs des classes qui resteront au niveau du seuil ou seuil -1 dans plus d’une cinquantaine de collèges du département sur au moins un niveau. Sans compter que de nombreux établissements subiront des fermetures de classes, non sans conséquence pour les postes.
Il est urgent de donner au collège les moyens dont il a besoin, aux élèves qu’il scolarise du temps pour les apprentissages au sein de la classe, aux personnels qui y travaillent la considération qu’ils méritent.