Les techniques du néo-management qui se répandent dans l’Education Nationale depuis plusieurs années y génèrent, comme dans le privé, stress et souffrances. Face à elles, les collègues se sentent souvent isolés, démunis. La section académique du SNES-FSU a organisé un stage de formation syndicale le jeudi 24 février 2022. Cette formation a été animée par Grégory Frackowiak secrétaire national, responsable du secteur Politique Scolaire - laïcité, et des responsables académiques SNES-FSU.
Pourquoi de nouveau s’informer sur cette problématique ?
De nombreux témoignages parviennent chaque année sur les méfaits du néo-management en œuvre dans nos établissements. Cette politique issue d’une ancienne tradition politique et de gestion du personnel ouvrier tend de plus en plus les relations avec notre administration dans des buts idéologiques et politiques très précis. Très souvent aussi, sur le terrain, nous n’arrivons pas à analyser les conséquences de ces politiques.
A l’origine de ce nouveau type de gestion des personnels, le taylorisme qui remonte au début du 20e siècle. L’objectif est avant tout de faire baisser les coûts de production et de chercher des justifications pour faire renoncer les travailleurs à leur métier. C’est une dépossession forcée du métier. Les conséquences sont multiples et connues : dégradation du travail, perte des gestes professionnels et disparition des savoirs. Les travailleurs sont mis sous pression de la société.
Dans la seconde moitié du 20e siècle, un autre tournant se produit avec la demande d’individualisation et avec la surhumanisation du travail. L’objectif est clairement de fragiliser les collectifs pour les faire disparaître à terme. Des rapports interpersonnels sont instaurés dans les entreprises qui permettent à terme une destruction de la sociabilité professionnelle. Les salariés sont ainsi éloignés sciemment du cœur de leur métier et des exigences inhérentes à celui-ci.
Depuis 50 ans et sous l’impulsion de gouvernements néo-libéraux européens, l’objectif du néo-management se concentre sur deux cibles d’attaque : faire reculer l’Etat et reprendre en main l’administration. Ainsi les conséquences que nous vivons sont connues : sous la variante radicale, l’Etat est le problème et les services publics doivent être libéralisés et rendus au Marché. Dans une version moindre dite participative, le service public doit coller au local et rendre des comptes aux instances locales. Le prétexte est la performance sur un territoire donné des services publics. Mais se pose-t-on jamais la question de leur qualité ? Et de la nature même de la Fonction Publique et de ses missions ?
Comment l’institution s’y prend-t-elle pour mettre en place le néo-management ?
On multiplie alors les outils de régularisation qui ont différents effets : la nature de nos missions change ; on recrute de plus en plus de contractuels ; on met en place une pseudo-autonomie des établissements ; on éloigne les personnels du cœur de leur métier en sapant les fondements même de celui-ci. La souffrance s’installe et son vecteur essentiel est nommé « précarisation subjective » par des chercheurs (voir ici les travaux de Danièle Linhart) : elle repose sur un changement perpétuel du cadre du travail et un manque de moyens, de ressources. Le salarié continuellement désorienté devient plus docile. Collectivement, le malaise s’installe et il est très compliqué de lutter contre.
Que faire ? Les propositions du SNES-FSU
Le discours défaitiste est parfois présent dans nos salles de professeurs. Comment contrer cette politique destructrice de nos métiers ? Que mettre en place ? Rappeler la nature de notre statut est primordial. Contrairement à ce que le néo-management essaye de mettre en place, nous agissons dans un cadre égalitaire qui permet de garantir nos missions de fonctionnaires. Un autre axe à développer est de renforcer nos actions dans le cadre de nos établissements : créer du collectif et former des acteurs de terrain sont des premières nécessités. Le C.A, les Heures Mensuelles d’Information Syndicale, le registre CHSCT sont autant de leviers dont nous devons nous saisir, armés de savoirs renforcés.
La section académique du SNES-FSU et ses élus sont aussi présents pour vous aider tant sur le plan des textes institutionnels que dans vos actions futures. La reconstruction du collectif sera la première étape de réincarnation de notre métier passant par une parole ouverte et constructive en débats, en particulier après deux ans de pandémie.