Dans nombre de lycée de l’académie, des actions très diverses mais toujours très suivies sont menées contre la réforme Blanquer : tracts, panneaux et banderoles affichés, grève, démission des professeurs principaux, « note de confiance » de 20/20, pique-nique ou quiz géant contre la réforme… nos collègues ne manquent pas d’imagination et ceux du Bas-Rhin ont manifesté le 19 mars dans les rues de Strasbourg. Certains ont été reçus en délégation au rectorat.

Le 19 mars 2019, après la manifestation devant le rectorat, puis dans les rues de Strasbourg, le Secrétaire général de l’académie, accompagné du DRH et de deux doyens des corps d’inspection, ainsi que de la directrice de cabinet de la rectrice, a reçu une délégation de 15 lycées « en colère » du Bas-Rhin. Parmi ceux-ci : Bouxwiller, Marie Curie, Pasteur, Couffignal, Marguerite Yourcenar, Monnet, Le Corbusier, Marc Bloch, Schuman et même...les Pontonniers où jamais mouvement de grève n’avait eu tant de succès. Les représentants des lycées ont exposé tous les problèmes techniques et pédagogiques que posait cette réforme bâclée, imposée d’en haut et qui conduit à une véritable perte de sens pour le métier. Ils ont aussi insisté sur la dégradation considérable des conditions de travail qu’elle induit pour les enseignants : plus de classes et d’élèves, beaucoup de nouveaux programmes à préparer très rapidement, un système d’évaluation permanente qui laisse très peu de place à l’approfondissement des connaissances, l’obligation de compléments de service connus au dernier moment, la perte du droit à la mobilité du fait du gel des postes vacants dans la quasi-totalité des lycées. Les réponses apportées par le Secrétaire général et le doyen des IA-IPR n’ont guère été convaincantes : on nous assure que la carte des spécialités a été très bien pensée...mais on ne peut nous garantir que les spécialités plus « rares » ( numérique, allemand, langues et cultures de l’antiquité, arts) seront accessibles à tous, en particulier dans les zones rurales. Dans les zones urbaines, le fonctionnement en « réseaux » de ces spécialités implique de fortes rigidités d’emplois du temps dont l’administration ne semble pas avoir conscience. On nous assure que toutes les combinaisons seront possibles au sein d’un établissement...alors que les proviseurs de plusieurs lycées ont déjà annoncé...le contraire ! Enfin, nous n’avons pas non plus de réponse bien nette sur les « seuils » d’ouverture/fermeture d’une spécialité : pour un lycée dans lequel 78 élèves choisiraient la spécialité SES combien de groupes seraient mis en place ? 2 groupes de 35 et 8 élèves priés de changer leurs vœux ? 3 groupes de 26 comme le voudrait le bon sens ? Rien n’est fixé… mais gageons que certains, au ministère des finances, ont déjà une réponse...
Le rectorat se félicite d’avoir réduit au minimum les mesures de carte scolaire pour la rentrée 2019...mais le Secrétaire général reconnaît que cela conduira à des compléments de service de beaucoup de collègues qui se verront assigner des heures en collège courant juillet...ou août !
L’impression générale des collègues reçus, au-delà du ton très courtois des échanges, est qu’une grande improvisation prévaudra, au détriment des conditions de travail des enseignants et de la réussite de leurs élèves.

Elisabeth Jacquet