27 mars 2019

Sections départementales

Strasbourg : manifestation enseignante et lycéenne au lycée Pasteur contre la réforme Blanquer de l’enseignement

Des enseignants et élèves du lycée Pasteur de Strasbourg ont mené une manifestation ludique sur le temps de pause du midi, ce mardi 26 mars. Une action pour dénoncer la réforme de l’enseignement voulue par le ministre Jean-Michel Blanquer. (Reportage de Vincent Ballester le 26/03/2019 sur France 3 Grand Est)

« Blanquer persiste, Pasteur résiste ! » Après une grève enseignante début mars, voilà une action ludique et décalée sous forme de quizz. C’est ce qu’ont organisé des enseignantes et enseignants du lycée Pasteur de Strasbourg, avec une partie de leurs élèves. Elle a eu lieu ce mardi 26 mars 2019, sur le temps du midi.

L’action consistait en un quizz irrévérencieux sur le thème de la réforme voulue par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation. La classe qui a remporté le quizz a pu crever les ballons accrochés en forme de « NON » sur le portail : ils symbolisaient chaque heure retirée de la dotation horaire du lycée lors de la rentrée 2019.

Exemple d’une des questions posées par Elisabeth Jacquet, professeure d’histoire-géographie et membre du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) : « Parcoursup : c’est une application fun qui répond aux questions des élèves et les rassure, OU une méthode de tri opaque qui angoisse les élèves ? » Réponse d’un des élèves, hilare : « C’est un peu beaucoup gauchiste vos questions ! »

Passage en force du rectorat
Elisabeth Jacquet et ses collègues ont voulu ce quizz humoristique avec leurs élèves car leur réception au rectorat à l’issue de deux manifestations semble n’avoir rien donné : « Le secrétaire général du rectorat a promis de nous écrire après qu’on lui ait parlé de la réduction de notre dotation horaire pour les cours. On attend encore. »

« On fait cette action ce mardi car au soir, on va se prononcer en conseil d’administration sur la réduction de la dotation horaire globale [la réduction des heures d’enseignement]. Y siègent les parents, les professeurs, les agents, les élèves, et l’administration. Seule l’administration est pour. Si tous les autres votent contre, c’est la majorité qui l’emporte... sauf qu’un nouveau vote a lieu. » Et si le second vote est à nouveau défavorable à l’administration, c’est à dire au rectorat ? L’enseignante est laconique : « Alors le rectorat passe en force. »

Même son de cloche chez Pauline Bringel, enseignante de français et également syndiquée au SNES-FSU : « Cette réforme pose un problème à la qualité de travail qu’on offre aux élèves. Comment, avec moins de moyens, remplir un programme scolaire toujours plus exigeant ? On nous impose de travailler dans des conditions difficiles : comment travailler l’oral dans une classe de 35 ? Ou comment faire maîtriser la langue française aux élèves quand on fait passer nos heures de 130 à 100 ; alors qu’il y a des difficultés ? Pour nous, ça devient compliqué d’oeuvrer dans les conditions qui nous sont données. »

De son côté, Jean-Christophe Caumont, enseignant de mathématiques non syndiqué et membre du conseil d’administration du lycée, rit jaune : « Ce qui m’horripile le plus, c’est l’hypocrisie avec laquelle on nous présente la réforme. On nous vend une avancée sociale et sociétale, alors que la finalité, c’est faire des économies ! On nous parle de progressisme alors qu’il ne s’agit que d’une perte de moyens. Maintenant, la colère monte chez de plus en plus d’enseignants qui découvrent les budgets déraisonnables et l’organisation ubuesque de cette réforme qui commence à être mise en place... »

« Cette réforme est mal faite »
Amélie est en terminale scientifique et a apprécié ce quizz : « C’était assez bien fait, ludique. Ça m’a permis de prendre conscience que cette réforme est mal faite. » Alexandre, en terminale aménagée scientifique (pour permettre la pratique du sport de haut-niveau), n’a lui aussi pas cessé de lever le bras pour participer au jeu : « C’est important de se mobiliser. C’est une réforme qui va avoir des répercussions, notamment pour la pratique du sport dans mon cas. C’est une réforme qui passe pour des besoins électoralistes, elle ne peut pas être bonne et profiter au plus grand nombre. »