16 décembre 2016

Publications et Communiqués

les dossiers portés par le SNES FSU lors des réunions d’instances

Voici les extraits concernant le second degré dans la déclaration liminaire de la FSU lors de la séance du Comité Académique de l’Education Nationale du 16 décembre (mêmes thèmes lors du Comité Technique Académique). Pour mémoire, le CAEN est composé des autorités rectorales, de représentants syndicaux, de parents d’élèves, de la région, d’élu-es, et de représentants de la société civile.

« État d’urgence pour l’école ! »
Madame la Rectrice, Mesdames, Messieurs les représentants de la région et de la grande région,

D’abord, nous tenons à souligner que le fait de présenter en CAEN, quasiment à Noël, un bilan de rentrée, nous paraît pour le moins tardif.
Nous avons eu connaissance de la création de 77 ETP dans le second degré pour l’année prochaine, qui a donné lieu à des communiqués de victoire de la part des services ministériels et rectoraux. Outre que nous ne connaissons pas la nature de ces postes, cela ne fait évidemment pas un poste par établissement, et ne permettra pas la diminution du nombre d’élèves par classe. L’expérience de l’an dernier nous a montré que la dotation des 30 ETP, en décembre 2015, n’a pas été utilisée pour créer 30 postes, mais a principalement servi à diminuer le déficit (qui se montait tout de même à – 35 ETP) et a été consacré pour l’essentiel à des moyens de remplacement. Dans les documents préparatoires on remarque qu’entre 2008 et 2016, les effectifs ont augmenté de 2,55 % alors que le montant versé par la région a diminué de 4,76 %. Force est de constater que la tendance lourde est à la baisse des moyens.
Dans tous les établissements de l’Académie, la question de la sécurité a dominé la rentrée. Si celle-ci relève d’un souci légitime pour les élèves, les familles et les personnels, elle ne saurait être prétexte à dégrader encore les conditions de travail de ces derniers. Elle revient à confier à certains personnels des rôles et des tâches annexes qui ne sont pas les leurs et des missions qui ne relèvent pas de leur responsabilité. D’ailleurs les moyens « vie scolaire » n’ont pas été réévalués en fonction de la situation actuelle.
La FSU déplore que ces préconisations une fois encore dénotent une méconnaissance grave de la réalité du terrain.
Notre responsabilité d’enseignants aujourd’hui est aussi de remettre au centre le rôle de l’École qui apprend aux élèves à refuser l’intolérance, la haine et la violence sous toutes leurs formes.
Nous persistons à réclamer plus et mieux d’école.
Malheureusement, à l’heure du bilan de la rentrée, nous sommes loin du compte.(...)
Dans le 2d degré
La réforme du collège a été imposée sur 4 niveaux dans la plus grande désorganisation à des enseignants qui pour la plupart n’en voulaient pas. Les modalités de sa mise en œuvre sont très variables d’un établissement à l’autre. Dans certains établissements une application a minima, respectant les exigences d’amplitude horaire inscrites dans la réforme. D’autres ont voulu appliquer à la lettre tous les éléments de la réforme (EPI, AP) ce qui les a amenés à des emplois du temps incohérents et inapplicables. Rappelons aussi qu’un certain nombre de disciplines ont été fragilisées par la réforme, d’une part par la taille des groupes mises en œuvre effectivement mis en place (LV par exemple, question compliquée encore par le mélange à certains niveaux de débutants avec des élèves ayant déjà suivi un enseignement), d’autre part par l’enveloppe horaire plus faible attribuée, qui est source d’inquiétude pour de nombreux collègues qui ne savent pas comment arriver au bout de leur programme. Toujours dans le cadre de cette réforme, un plan de formation au numérique est imposé à nos collègues, qui se déroulera a priori sur leur temps personnel, des mercredis après-midi et dans le cadre de formations à distance. La FSU réaffirme son attachement à une formation volontaire, sur le temps de travail. Le Livret Scolaire Unique, censé améliorer l’évaluation, n’est pas fonctionnel : cela montre bien l’état d’impréparation de cette réforme. De plus, il n’est pas rare que dans les collèges, à l’heure actuelle, les classes affichent 30 élèves et plus, augmentées dans certains établissements des élèves des dispositifs ULIS. Ces classes surchargées posent évidemment des problèmes pédagogiques dont tous les enseignants sont conscients et dont les élèves font les frais. Pour la FSU, il apparaît donc de plus en plus que cette réforme impose des contraintes inconciliables avec les missions et les programmes. Par ailleurs, pour le fonctionnement des collèges, le point élève n’évolue pas dans nos deux départements, alors qu’évidemment, les frais et les charges augmentent. Cela équivaut concrètement à une diminution de la dotation des collèges.
En ce qui concerne les lycées, les politiques de non redoublement et de passages forcés en lycée général et technologique ont fait augmenter leurs effectifs par classe à 35 élèves dans la plupart des établissements, même dans les classes pour lesquelles on nous disait, il y a quelque temps, qu’il fallait leur accorder une attention particulière (STMG, STI2D etc….) . On ne parlera pas une énième fois des problèmes dus aux épreuves de langues (ECA) et autres (TPE…) faites au cours de l’année de terminale, qui créent prématurément une ambiance de fin d’année scolaire pour les élèves, et pour les enseignants, des situations d’examen assez éprouvantes (épreuves à faire passer en fonction du nombre d’élèves : cela peut aller jusqu’à deux semaines de travail ; cours à assurer en parallèle ; sujets à refaire tous les ans, etc). La baisse des dotations lycées concomitante de l’augmentation substantielle du nombre de lycéens laisse à penser qu’au niveau régional non plus, la priorité n’est pas à l’éducation nationale.
En ce qui concerne les budgets des lycées de la grande région, en comparant les budgets prévisionnels de 2016 et 2017, on s’aperçoit que globalement l’investissement baisse de 4,2 %, et si l’on s’en réfère aux lycées, on perd 11,3% dans l’investissement et 1,1% dans le fonctionnement. Il y a tout lieu de s’inquiéter aussi des non remplacements d’une centaine de postes de TOS. Combien concernent notre académie ? La présence de ces personnels contribue à l’instauration d’un climat scolaire plus serein. Cette année, la mobilisation au lycée Schweitzer de Mulhouse a mis en lumière l’importance de ces postes, et la mobilisation sur place a permis l’obtention d’un poste.
La forte volonté de développer le numérique en lycée prévoit une expérimentation dans 50 lycées de la grande région. Sait-on déjà quels lycées sont concernés dans notre Académie ?

La FSU a travaillé depuis deux ans et demi pour renforcer l’ancrage des Co-psys et des DCIO dans l’Éducation Nationale (face aux tentatives de transfert des CIO et des personnels aux régions), pour préserver les missions des deux spécialités et faire profiter les personnels des avancées du PPCR. Qu’en est-il de la carte des CIO, comment a-t-elle été revue, permettra-t-elle de mieux répondre à la carte des besoins par rapport aux populations fragilisées de l’académie ? La FSU souhaite que les représentants des personnels ne soient pas, comme à l’accoutumée, simplement informés du résultat des réflexions. Nous demandons à y être associés, afin d’apporter notre éclairage ainsi que notre expertise.
Un point encore : la question des transports scolaires pour les élèves de la grande région. Si le statu quo est maintenu pour l’année à venir, a-t-on déjà une idée pour la suite ? En effet, la situation est diverse dans les 10 départements de la nouvelle Région, avec la gratuité pour 3 d’entre eux dont le Haut-Rhin.
Notre École, malgré l’investissement de grande qualité de l’ensemble des personnels, n’a plus les moyens de répondre aux difficultés des élèves du XXIe siècle. Les actes terroristes de l’année dernière et de cet été ont été l’occasion dramatique de rappeler que les principes de la République ne suffisent pas. Leur défense quotidienne ainsi que l’acquisition des savoirs disciplinaires sont indispensables à la formation des futurs citoyens.
Des personnels mieux payés (en ce sens le PPCR constitue un début de réponse), mieux entendus, mieux formés aussi, et pas uniquement par obligation institutionnelle, seront plus à l’aise pour exercer leurs missions au quotidien.
La FSU continue de porter l’ambition de la réussite pour tous et de revendiquer le renforcement des services publics. Des solutions existent, il manque juste le courage de décider de les mettre en œuvre. L’école doit redevenir un investissement d’avenir et non une charge pour la société.
Séverine Charret, Jean-Louis Hamm, Elise Peter, Marie Siméoni